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Channel: Histoire et mémoire Archives - Noisy le sec histoire

1945, une nouvelle dénomination pour certaines rues de Noisy-le-Sec

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A la Libération, la délégation spéciale ayant à sa tête Henri Quatremaire, décide le retour à d’anciennes dénominations ou en décrète de nouvelles.

  • 16 octobre 1944, décision du conseil municipal
  • 20 mars 1945, H Quatremaire alors président de la délégation spéciale s’adresse au Préfet pour l’informer de la décision d’attribuer à titre d’hommage public à des voies de la commune
  • 22 octobre 1945 pose des nouvelles plaques de rues.

A – Les rues qui reprennent leur nom :

La rue Denfert Rochereau / rue Henri Barbusse

Rappel, le 11 octobre 1935, le conseil municipal décide de donner le nom d’Henri Barbusse à la partie de la rue Denfert Rochereau comprise entre la rue Saint Denis et le boulevard Michelet.

1935 inauguration de la rue Henri Barbusse

 

Henri Barbusse est un écrivain, homme politique et journaliste français, né le 17 mai 1873 à Asnières et mort le 30 août 1935 à Moscou. Il relate sa vie au front pendant la Première Guerre mondiale dans son roman Le Feu qui remporte le prix Goncourt en 1916. Résolument pacifiste, il fonde l’Association républicaine des anciens combattants en 1917 et adhère au Parti communiste en 1923. Se consacrant à son activité de journaliste, il devient directeur littéraire de l’Humanité en 1926. Il fonde la revue Monde en 1928.

La délégation spéciale mise en place en 1939 à Noisy après la signature du pacte germano-soviétique, débaptise la rue et lui redonne son ancien nom.

1945, retour au nom d’Henri Barbusse justifié ainsi :

Rue de Pantin / rue Paul Vaillant-Couturier

La rue de Pantin fut baptisée Paul Vaillant-Couturier le 16 novembre 1937.

Paul Couturier, connu sous le pseudonyme de Paul Vaillant-Couturier, né le 8 janvier 1892 à Paris et mort le 10 octobre 1937 dans la même ville, est un écrivain, journaliste et homme politique français. Il a participé à la fondation du Parti communiste français.

Il est député de la Seine de 1919 à 1928 et de 1936 à 1937 et maire de Villejuif de 1929 à 1937. Il est rédacteur en chef de L’Humanité de 1926 à 1929 et de 1935 à 1937.

B – Les nouvelles dénominations :

Voie IA / rue Jules Auffret

Elle rend hommage à Jules Auffret (1902-1931) fusillé comme otage le 22 octobre 1941 à Châteaubriant. Ouvrier syndicaliste et communiste ; maire adjoint de Bondy et conseiller général de Noisy-le-Sec, il fut arrêté en 1939 au moment du pacte germano-soviétique.

22 octobre 1945, pose de la plaque de rue

Rue de la Madeleine / rue Pierre Sémard

Pierre Sémard, 1887-1942 syndicaliste secrétaire général de la fédération des cheminots CGT dirigeant du parti communiste dont il fut secrétaire général de 1924 à 1929. A la suite du pacte germano soviétique il est exclu de la CGT et révoqué de son mandat de son mandat de conseiller général de la Seine. Il est incarcéré à la santé sur plainte de ses anciens camarades. Il est condamné à 3 ans de prison, il est transféré à la prison d’Evreux le 6 mars 1942 il est livré comme otage aux allemands et fusillé le 7 mars 1942.

Dénomination de rue justifiée ainsi :

22 octobre 1945 pose de la plaque au n°43 de la rue, numéro identifié grâce à la devanture de Dalle, photographe

rue Damas / rue Pierre Brossolette

Pierre Brossolette est un journaliste, homme politique et résistant français, Compagnon de la Libération, né le 25 juin 1903 à Paris où il est mort le 22 mars 1944.

En 1940, Pierre Brossolette intègre le réseau du Musée de l’Homme, puis la Confrérie Notre-Dame. Il établit des liens avec plusieurs organisations telles que Libération-Nord et l’Organisation civile et militaire (OCM) entre autres. Après avoir rejoint Londres, il mène à bien trois missions clandestines en France.

Arrêté par le Sicherheitsdienst (service de sureté appartenant à la SS), il choisit de se suicider, se jetant par la fenêtre du 5ème étage, rue des Saussaies, après avoir donné un nom, le sien. Ses cendres sont transférées au Panthéon, le 27 mai 2015.

Rue de l’Eglise / rue du Père Guilhaire

Joseph Guilhaire né le 18 novembre 1891. Frère dominicain résistant affilié au groupe « La Vérité Française » arrêté le 25 novembre 1941 condamné à mort en France  décapité en Allemagne le 5 décembre 1942.

« Déporté et fusillé par les allemands pour avoir pris la défense des juifs dans les journaux clandestins » délibération CM du 16 octobre 1944.

22 octobre 1945, inauguration de la rue en présence d’un frère domicain

Anne-Marie Winkopp

 

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La Fabrique de saint Etienne

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Qu’est-ce qu’une Fabrique ?

Au départ c’est une assemblée de clercs dépendant d’une église auxquels s’ajoutent, depuis le concile de Trente, au milieu du XVIème siècle, des laïcs chargés de l’administration des biens de la communauté paroissiale.
Les membres du conseil de Fabrique sont des administrateurs désignés sous le terme de Marguilliers ou fabriciens.

Pour mieux comprendre il est utile de rappeler l’organisation de la Société sous l’Ancien Régime.
Les instituions ont évoluées au cours des siècles mais il n’existe aucun texte qui fixent leurs compétences. A la veille de la Révolution quatre divisions coexistent et s’entremêlent ; diocèses, gouvernements militaires, baillages et sénéchaussées auxquels s’ajoutent les généralités et les provinces.
En outre, il faut différencier les villes et les campagnes. Si les villes sont assez structurées, dans les campagnes la vie s’est constituée autour de la circonscription dénommée « paroisse ». On parle aussi de « communautés » d’où naîtra le nom de commune.
La paroisse est l’étendue du territoire soumis à l’autorité spirituelle d’un curé et l’église est le lieu de réunion commode à l’occasion des cérémonies du culte, les dimanches et jours de fête. C’est à l’église que se rencontrent les habitants disséminés aux alentour. C’est là qu’ils vont se réunir pour parler de leurs problèmes et décider ensemble des mesures à prendre au niveau de la communauté.

Noisy, population de paysans est donc un village qui va se développer autour de son église dédiée à st Etienne. Notons que Merlan , pourtant agglomération distincte , fait partie de la Paroisse de Noisy puisqu’elle ne dispose pas d’église propre.
A la fin du XVIIème siècle, les communautés ont acquis une relative indépendance. Si l’autorité royale pèse par l’intermédiaire des intendants, les communautés ont leurs assemblées qui portent sur tous les points qui intéressent la vie des habitants. S’il existent des fonctions laïques comme l’élection des syndics ou des messieurs, ou la gestion des biens communaux ou de la collecte des impôts, la collecte l’organisation de la Paroisse est confiée à la Fabrique, chargée de la gestion des intérêts matériels de l’église.

église saint Etienne au 17ème siècle – illustration

Le curé est le chef spirituel et jouit d’une influence considérable sur ses fidèles, la religion chrétienne concernant l’ensemble des habitants.

Il peut recevoir dons et legs et l’église possède des terres distinctes de celles de la Fabrique, qui lui confèrent une partie de ses revenus.
Venons–en au règlement de la Fabrique datant de 1765 tel qu’on le trouve dans le livre d’Hector Espaullard. Je vais essayer de résumer car il ne contient pas moins de 54 articles.
La Fabrique est dirigée par deux marguilliers qui sont renouvelés un an sur deux par vote de l’assemblée et choisis parmi « des habitants de bonnes mœurs, d’une probité reconnue et qui par leur état et profession puissent en remplir les devoirs avec assiduité »

L’élection a lieu tous les ans, le dimanche de la Passion, en présence du curé, des marguilliers en charge, des anciens marguilliers et habitants du lieu qui voudront y assister.

C’est le marguillier qui exerce la 2ème année qui gère les deniers (c’est à dire les avoirs liquides) ainsi que les rentes de la Fabrique. Il ne peut engager aucune dépense extraordinaire (au-delà de 10 livres) ou engager de procès sans délibération de l’assemblée, telle qu’elle a été décrite ci-dessus.

Il devra rendre compte de sa gestion le 1er dimanche d’octobre après sa sortie d’exercice.
Tous les comptes, pièces justificatives sont inscrites et déposées sur un registre placé dans un coffre fermant à 3 clefs et 3 serrures différentes placé dans la sacristie. Les clefs seront remises au curé, au marguillier chargé de l’exercice comptable et à un notable habitant, choisi par l’assemblée.
Ces comptes sont présentés à l’archevêque quand il vient en visite. Les baux et héritages appartenant à la Fabrique seront passés devant notaire. Le curé doit faire les réparations de l’église et du presbytère tandis que les marguilliers doivent veiller à sa propreté. Il est même prévu que «  dans les beaux temps, il y ait quelques vitraux de l’église ouverts pour prévenir l’humidité »

Plusieurs articles sont dédiés à la concession des bancs. Par exemple, le prix des chaises est fixé à 2 liards « sauf à partir, ledit prix plus haut pour les jours et fêtes solennelles et ceux où il y aura sermons, s’il est jugé convenable par une délibération prise par l’assemblée ».

De même, bedeau et autres serviteurs de l’église ne pourront être nommés ou congédiés que par délibération prise par une assemblée des habitants.
A l’administration de la Fabrique s’ajoutent les articles concernant les biens et les revenus de la « Charité ».

La Charité est la partie de la Fabrique qui s’occupe des œuvres de bienfaisance.
Les assemblées concernant la Charité de Noisy-le-Sec se tiennent sous la même forme que celle s de la Fabrique sous la présidence du curé.

Seront nommées dans une assemblée et par la pluralité des voix 12 filles de la Paroisse qui seront chargées chacune un mois de quêter pour les pauvres, aux offices de l’église.
Un procureur est élu pour 3 années pour faire la recette des deniers et les employer à l’acquit des charges et à la subsistance et entretien des pauvres et autres dépenses nécessaires.
Il doit rendre des comptes une fois par an et disposer le reliquat dans le coffre dédié à la Charité, sachant que dans ce coffre, les produits de chaque quête sont immédiatement déposés et que le coffre a lui aussi trois clefs, une au curé, une au procureur fiscal, une au procureur de la Charité. Le coffre est ouvert tous les 3 mois.

Le procureur distribuera les aumônes sur signature du curé mais uniquement en nature, comme pain, viande, vin et autres choses semblables.
Il est bien précisé que ne seront point assistés ceux qui seront abonnés au vin ou à la débauche, les jureurs et généralement tous ceux et celles qui seront de mauvaises mœurs et pareillement ceux qui négligeraient d’envoyer leurs enfants aux écoles, catéchisme et instructions.

En 1782, est édité un nouveau règlement sur arrêt de la cour du Parlement ont nous avons un exemplaire.

Il ne diffère guère de celui dont je viens de parler. S’y ajoutent quelques précisions sur la sonnerie des cloches, le choix et les devoirs des chantres, enfants de chœur et bedeau qui doivent être assidus à leurs devoirs et exécuter les ordres à eux donnés.
Les habitants qui sont revêtus de surplis ou de chape auront place dans les stalles du chœur, recevront le pain bénit et auront préséance sur toute autre personne qui ne font pas partie du clergé.

Un article définit la distribution du pain bénit, redéfinit la concession des bancs. Les 3 derniers articles laisse entendre à un certain laisser-aller des paroissiens qui doivent se comporter dans la dite église avec la révérence convenable et le respect du à la Divine majesté  et à la sainteté du lieu. Leur sera fait défense d’y causer aucun scandale et d’y mener aucun chien ou autre animal capables d’occasionner et d’y faire du bruit.

Sont également enjoint aux personnes qui ne peuvent se dispenser d’apporter leurs petits enfants à l’église de se placer proches des portes afin de pouvoir les sortir aussitôt qu’ils commenceront à crier.

Et le règlement se conclut par la défense de tenir au dit Noisy le Sec aucunes foires et marchés les jours de dimanche et fêtes solennelles et les dit jours, aucunes dans publiques appelées fêtes baladaires. Défense pareillement faite à tous cabaretiers ou autres vendant du vin de recevoir dans leurs maisons aucun habitant de la paroisse les dit jours pendant la grand messe, le sermon et les vêpres et à tout bateleur et autres de jouer et faire aucune représentation permise et licite pendant le service divin .
L’administration, des biens et revenus de la Charité, ne varie guère.
Nous avons vu que la Fabrique qui gère les biens matériels avait possibilité de recevoir dons et legs.

En voici quelques exemples relevés par Hector et Espaullard :

  • le 25 janvier 1515, don de Rolland Girard et Jehanne sa femme de deux demi quartiers de vigne
  • le 23 juin 1590, par testament Denis Alix lègue une rente annuelle et perpétuelle de 30 livres.
  • vers 1630, dons de Denis Goullard, jean Vié, Jean Trousselard soit 3 quartiers 8 perches de terre et 36 livres de rentes.
  • Parallèlement, en 1578 les marguilliers font l’achat d’une maison proche et attenante à l’église.

Sous le ministère  du curé Gilles Guérin, la Fabrique reçoit beaucoup de legs et de fondations, en particulier le testament d’Antoine Blancheteau le 9 mai 1663. « La testateur donne à l’œuvre de la Fabrique1 demi arpent de terre labourable ainsi que la somme de 11 livres, 12 sols, 6 deniers de rente pour chacun des ans ». A charge tout de même de faire célébrer tous les vendredis une messe à perpétuité pour le repos du dit testateur et de Françoise Guillard sa femme quand il plaira à Dieu de les appeler de ce monde… et soit mise et attachée une plaque de taille ou de marbre , tel qu’il plaira aux exécuteurs du dit testament (il s’agit des marguilliers) contre le pilier qui est vis à vis de la chaire à faire les prosnes, le plus proche de la place de la sépulture, pur servir à la postérité !

S’y ajoutera un codicille de 41 livres, 12 sols et 6 deniers.

En 1665, c’est Jacqueline Mautuit, veuve de Denis Gouillard qui lègue à la Fabrique, en échange de 4 messes basses de requiem par semaine et de 6 saluts par an, 2 arpents de terre, la moitié d’une maison sise à Paris, rue st Martin, 60 livres 10 sols de rente perpétuelle et une autre de 22 livres et encore 30 livres à la confrérie de la Charité à charge pour les marguilliers de distribuer aux pauvres qui se trouveraient à son enterrement 60 livres tournois ainsi que 30 autres livres à 12 des plus pauvres femmes veuves de Noisy.

Comme pour le précédent une plaque en marbre gravée d’or rappelait aux générations futures cette grande libéralité mais elle a disparu comme beaucoup d’autres.
Tout cela va entrainer au cours du XVIIIème siècle, une série de procès entre le curé, les marguilliers et les assujettis au paiement des rentes qui remontent parfois au XVIème et même au XVème telle la rente d’un pourceau gras et d’un muid de méteil dont l’origine remonte à 1498.

D’où les vœux des Noiséens dans leur cahier de doléances du rahat de toutes ces charges.

Survient la Révolution. En 1789, les biens de la Fabrique auraient du normalement être attribués aux communes substituées aux paroisses. Il n’en fut rien .
Considérés comme biens du clergé, ils furent déclarés biens nationaux et mis en vente.
La Fabrique possède alors un territoire divisé en multiples parcelles d’une surface de 1564 perches (9 à 10ha) (une revenu de rentes sans doute avoisinant les 600 livres, revenu de la maison 350 livres en 1738)et d’une maison mise en vente le 19 décembre 1791 et le 12 novembre 1792 puis le 20 novembre 1794 pour les biens restants.
Tous les terrains de Noisy vont trouver acquéreurs à la différence des biens de la Charité, mis en vente en même temps, qui ne trouvent pas d’acheteurs. D’où la conclusion d’Hector Espaullard « Notre population, mieux inspirée par sa générosité que les législateurs au cœur sec, refusa de se prêter à la spoliation des pauvres. Sa conduite l’honore : il convient d’en ranimer le souvenir. »

La renaissance de la Fabrique

On aurait pu croire qu’avec la Révolution et la chute de l’Ancien Régime les Fabriques auraient définitivement disparu ? Il n’en fut rien.

Dès que la réouverture des églises est tolérée en 1795 , la Fabrique se réorganise. La première assemblée, présidée par Nicolas Blancheteau, destine les quêtes et dons des fidèles à reconstituer les objets indispensables au culte et à faire les réparations urgentes dans l’église.
La réélection annuelle des marguillers va reprendre suivant la coutume. On y retrouve les noms de Blancheteau, Leduc, Budor, Hanotelle, Espaullard, familiers des Noiséens.
La Loi du 18 germinal an X ( 8 avril 1802) rétablit officiellement les Fabriques pour veiller à l’entretien et la conservation des temples (sic) ainsi qu’à l’administration des aumônes . Suivant cette Loi , à partir de 1803, les membres du conseil de Fabrique doivent être nommés par l’évêque ou par le Préfet.

Mais apparemment à Noisy, soit par ignorance soit par mauvaise volonté, on garde l’ancien usage, ce qui fait qu’en 1807, lors d’une  visite de la paroisse, le vicaire général inflige un rappel à l’ordre et l’obligation désormais de soumettre les nominations à l’acceptation du Cardinal archevêque de Paris.
Quant à l’établissement du service de la Charité, nous avons vu que ses biens n’avaient pas trouvé preneurs lors de leur vente à Noisy-le-Sec. Mais contrairement à la Fabrique qui va renaitre, la Lo du 7 frimaire an V va désormais placer les institutions charitables sous la surveillance des municipalités. Après la Révolution de 1830, une ordonnance du29 avril 1831 remplacera définitivement l’appellation de Charité en bureau de bienfaisance. La plupart des rentes perpétuelles avaient été rachetées et soldées pour une somme globale.

Revenons à la Fabrique

Le 30 décembre 1809, un décret impérial règle définitivement la constitution des conseils de Fabrique en France. Noisy rentre en possession de quelques titres de rente, 46 fr, qui n’avaient pas été vendus comme biens nationaux

Le 8 décembre 1811, une assemblée extraordinaire est tenue à Noisy en présence de plus de 50 habitants afin d’augmenter et d’assurer les revenus de l’église et statuer sur les dépenses nécessaires tant pour l’intérieur que pour l’extérieur du bâtiment.
Un nouveau règlement est établi concernant principalement la location des bacs, les sonneries, les quêtes.
Notons que « M de Reusse, propriétaire de l’ancien château de Noisy et M Tripier, avocat, propriétaire de l’ancien fief du Londeau, sont très humblement suppliés de recevoir la charge de marguilliers d’honorer pour nous aider de leurs lumières, leurs conseils et leur protection ».

Les dons et legs sont repris comme en témoigne la plaque que l’on peut toujours vor sur un mur de l’église st Etienne, le dernier remontant à 1904. On peut y voir par exemple le nom de Marie-Jeanne Cochu, épouse Poupart qui par un testament daté du 19 aout 1854, a légué 4 000 fr au bureau de bienfaisance et 1 000 fr à la Fabrique, pour que les deux sommes soient employées au soulagement des pauvres et à l’entretien d’un autel dans l’église de Noisy. La plaque fait elle référence à une rente supplémentaire de  dite paroissienne. Elle se termine par les remerciements de « la Fabrique reconnaissante » pour les rentes émanant des vieilles familles de Noisy comme les Durin, les Cochu, les Budor ou les Blancheteau.

En 1813, intervient la réglementation des sonneries, leurs durées et leurs montants. Les clefs du clocher sont entre les mains de 3 personnes : le maitre d’école en a une pour le remontage de la cloche, le bedeau une deuxième et le desservant la troisième. Ils doivent immédiatement après usage les remettre à l’endroit où ils les ont prises.

Cela donne lieu en 1884 à un conflit entre la mairie et le curé Barthélémy. Le maire réclame une clef pour les sonneries civiles mais il essuie un net refus.

En 1843, le conseil de Fabrique qui fait office de pompes funèbres, déclare urgente la nécessité de faire de nouveaux tarifs plus conformes aux besoins présents de la paroisse. Conformément aux vœux de l’administration, ce ne sera finalement qu’en 1847 qu’une convention est établie entre la Fabrique et M Langlois, directeur de l’entreprise de pompes funèbres, rue de Chabrot à paris qui répartit les bénéfices entre les deux parties.

En 1864, la Fabrique offre une des trois nouvelles cloches de st Etienne. Ce qui donnera lieu par la suite à une anecdote pittoresque. Pendant la guerre de 1870, le 29 octobre , le conseil de Fabrique se réunit avec le conseil municipal et la garde nationale . Dans un grand élan de patriotisme, ils décident de faire dons de 3 des 4 cloches composant la sonnerie de l’église afin de les transformer en canons. Offre apparemment sans suite puisque les cloches sont toujours là.

A l’issue de cette guerre, la Fabrique adresse à l’administration l’état des dégâts dans l’église qui portent essentiellement sur la disparition des chaises et des prie dieux, des meubles abimés, de serrures brisées, de lustres dégradés et de la disparition de plusieurs objets de culte, le tout étant chiffré à 2 815 fr

En 1876, le conseil de Fabrique vote l’acquisition d’un orgue de 13 jeux à la maison Abbey de Versailles pour le prix de 11 500 fr, ainsi que la décoration du sanctuaire et de la nef.


Mais sous l’exercice du curé Fernique, entre 1896 et 1898, la belle ordonnance va se fissurer quand celui ci renouvelle totalement la composition du conseil de Fabrique en remplaçant les vieilles familles de Noisy par des membres de la population récemment arrivés dans la commune.

 

La fin du conseil de Fabrique

Cependant, ce ne seront ni la Révolution, ni les conflits qui auront raison de cette vénérable institution mais en 1905, la Loi sur la séparation de l’Eglise et de l’Etat. Ainsi va disparaître ce qui a été au cœur de la vie des Noiséens depuis tant de siècles.
J’ai retrouvé aux archives de Noisy l’inventaire des biens de l’Eglise établi par l’administration en exécution de l’article 3 de la Loi du 9 décembre 1905.

Sont décrits les biens fonciers d’une valeur de 12 000fr pour l’église et 8 000frpour le presbytère ainsi que la liste de tous les objets conservés dans l’église et la sacristie. Cela va de 3 cordons d’aube à 1,50fr au maitre autel et à l’orgue estimé à 2 000fr. Y figure également la présence de 10 tableaux dont l’un « -le baptême du Christ » est estimé à 1 500fr (ne reste actuellement qu’une crucifixion).

 

Il est noté que « malgré les recherches minutieuses » aucun vase sacré n’a été découvert. En fait, ils avaient été retirés de l’église et cachés en lieu sûr.

Les deniers et titres de propriété n’y figurent pas non plus car la fameuse armoire spéciale a été mise à l’abri dans une maison particulière.

Il faudra attendre 1910 pour que le reliquat s’élevant à 1 054,05fr soit remis au receveur de la République. Sur le document, figure l’intitulé « ancienne Fabrique de Noisy-le-Sec »

 

Ainsi s’achève définitivement l’histoire de la Fabrique de st Etienne de NLS

 

Paule Bergé

 

Sources :

Noisy-le-Sec Village heureux ville martyre, Hector Espaullard

Archives municipales de Noisy-le-Sec.

 

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18 avril 1944, objectif gare

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Bref rappel des faits  

Dans la nuit du 18 au 19 avril, à 23h30. En vingt-cinq minutes, 181 avions déversent plus de 3000 bombes, certaines de gros calibre de 250 à 500 kg, causant des dégâts et des ruines considérables. Des centaines de morts, de blessés, des quartiers entiers rasés, les canalisations d’eau, de gaz, d’électricité éventrées, les cimetières retournés, tel est le bilan de ce bombardement.

Avant de vous parler des dommages spécifiques de la gare qui était l’objectif du bombardement, un mot sur les 2 Halifax qui se sont percutés au-dessus de la gare SNCF après le largage de leurs bombes.

Les avions

L’un s’écrase sur le triage ; dans le bombardier Halifax type BIII – LW 643 QO+E tombé au sol, il y a 2 survivants. L’autre appareil tombe sur le toit d’un atelier.

L’un des survivants est Gerard Schaughnessy, mitrailleur de queue, il est blessé mais arrive à sortir de la carlingue. Il parviendra à rallier Londres.

Le second est le sergent Pett, il sera fait prisonnier et sera libéré en 1945. Nous connaissons son histoire grâce au témoignage de M. Cohat, conservateur du cimetière ancien. Ce dernier sera fait « french helper » après guerre. Nous pouvons traduire ce terme mot à mot par « secoureur français », ils constituaient un réseau national qui aidait les parachutistes ou aviateurs alliés égarés sur le sol français.

Pour mémoire ce sont 27 aviateurs qui ont péri ce jour-là.

La gare, des dégâts 

Le 19 avril, au lever du jour, la gare est en feu ainsi que 12 immeubles de la rue J. Jaurès. Il est impossible de lutter contre les foyers d’incendie en raison de la rupture des canalisations d’eau.

A noter que pendant plus de 15 jours les rescapés n’eurent comme alimentation en eau que quelques puits et l’apport quotidien place J. d’Arc d’une tonne d’eau potable (gros tonneau).

Toutes les installations de la SNCF sont inutilisables pour de longs mois.

Un premier rapport fait état de :

– gare des voyageurs aux deux tiers démolie. Marquises métalliques des quais à voyageurs (longueur 102,90m) détruites y compris la partie rampante des escaliers pour les quais 3 et 4 (photos 9, 10 et 10bis)

– installations de transbordement détruites

– bâtiments de la petite vitesse entièrement détruits

– 5 postes d’aiguillage détruits

– les 2 rotondes : dégâts très importants, mais ossatures métalliques conservées

– grue de 50 tonnes détériorée et une autre détruite

– 13 locos endommagées dont 3 irréparables

– 1 autorail détruit

– environ 100 wagons détruits

– ateliers de réparation et magasins généraux détruits, 136 bombes dénombrées

– lignes principales coupées en plusieurs endroits idem pour les lignes de triages, bousculées et arrachées en plusieurs points

Après le bombardement, les services de la SNCF réagissent immédiatement. Une reconnaissance générale des destructions est faite dans la journée du 19 avril par les dirigeants de l’arrondissement dans le but de rendre compte approximativement des dégâts causés et des moyens à mettre en œuvre pour les réparations.

Le 20 avril, M. Legrand, chef d’études, constitue avec 6 dessinateurs, 3 équipes chargées de procéder à une reconnaissance détaillée des installations avec établissement d’un plan. M. Legrand ne peut remplir qu’une petite partie de sa mission à cause des éclatements de bombes à retardement rendant dangereux la circulation et le stationnement sur les voies. Un membre de l’équipe a même été blessé par la projection d’un pavé.

Le 21 avril, M. Legrand poursuit cette reconnaissance en prenant les précautions nécessaires, c’est-à-dire en évitant de s’approcher des bombes non éclatées dont les emplacements sont mieux connus que la veille. A l’exception de M. Tremblot, les dessinateurs refusent d’exécuter ce travail. M. Legrand et M. Tremblot réalisent dans la journée la reconnaissance détaillée des voies principales.

Le 22 avril, une note de la SNCF destinée au chef du service des voies et des bâtiments, demande une reconnaissance détaillée des dégâts.

Le 23 avril, une équipe du Service Régional entreprend l’établissement du plan de situation concernant le triage, les ateliers et le dépôt.

Parallèlement, dès le 19 avril des travaux de réparation ont été entrepris côté Paris, avec 120 hommes environ. Côté Noisy les réparations commencent le 21 avril avec du personnel de Vaires, les trains-parcs de Troyes et de Châlons et du personnel de diverses catégories : pionniers militaires, pionniers de l’armée allemande, détachements de l’Armée de l’Air, requis, organisation Todt, 500 ouvriers fournis par la Préfecture de la Seine doivent s’ajouter à cet effectif le 24 avril.

Ce sont les voies 1ter et 1bis qui présentent le moins de destruction dans la traversée de la gare, les réparations commenceront par elles.

En dehors des voies, les réparations portent en urgence sur le rétablissement d’un itinéraire de sortie des machines du dépôt de Noisy par la voie I GC et le raccordement I GC PS.

Le 27 avril, 2 voies Paris Nancy et le 29 avril une voie Paris Mulhouse sont ouvertes. Une 2eme voie Paris Mulhouse sera ouverte le 1er mai.

Le 29 avril, il y a encore 10 bombes à retardement non explosées sur les voies principales

Le 3 mai à 17 heures la circulation des trains est rétablie entre Paris et Bondy et entre Paris et Rosny, vitesse limitée à 30 km/h.

Le service voyageurs est interrompu pendant plus d’un mois puis reprend avec 2 trains le matin et 2 le soir. Une circulation « normale » n’est rétablie qu’en juillet 1945.

Une note très intéressante du 13 juin 1944 à propos des travaux d’enlèvement des bombes non explosées qui ont repris le dimanche 4 juin : M. Straudel, inspecteur du contrôle allemand, rapporte que l’officier artificier allemand donne l’ordre que les bombes ayant pénétré à plus de 8 m de profondeur doivent être abandonnées, ce qui explique que nous en trouvons encore de nos jours.

Le bâtiment voyageurs est lui aussi expertisé

Le déminage

Il est effectué sous contrôle allemand par des détenus français politiques ou de droit commun auxquels on promet la liberté pour 5 bombes déterrées. Parmi eux, merci Christian pour tes souvenirs de catéchisme, John Williams (de son vrai nom Ernest Huss), le chanteur. Avant d’être chanteur, John est ajusteur outilleur à Montluçon pendant la seconde guerre mondiale. Suite à un acte de sabotage commis dans son usine, il est arrêté et torturé par la Gestapo. Il ne parlera pas. Il a 22 ans et en mars 1944, il est condamné à la déportation et est envoyé au camp de Neuengamme, situé au sud-est de Hambourg. Son départ vers le camp est retardé par l’opération de déminage. Il sera libéré en 1945. Il reverra Noisy le 13 février 1969 à l’occasion d’un concert donné en l’église St Jean Baptiste au profit des travaux de réfection de la façade.

Des internés juifs du camp de Drancy sont envoyés par les nazis pour désamorcer les bombes non éclatées. Je vous raconterai cette odyssée le mois prochain.

Le 4 mai 1944, réquisition de main d’œuvre à la demande des autorités allemandes qui réclament 750 hommes pour le dégagement des voies. Les maires des communes du canton de Noisy se concertent et décident de prendre à leur charge le contingent à fournir par Noisy-le-Sec, en raison de l’épreuve subie par la ville, soit 60 hommes. 

Le 8 mai à 8 heures du matin, les 750 hommes requis sont présents à la gare.

La reconstruction

Le dépôt fut reconstruit en conservant partiellement certains bâtiments épargnés.

Les rotondes ne seront pas réparées, on leur substitue des bâtiments construits en 1949.

1945, réparation provisoire du pont de la gare

1947, réparation partielle du pont de la Folie

1950, construction des nouveaux ponts de la gare, raccordement en ligne droite des axes J Jaurès/Gallieni

La gare est reconstruite en 1955 par la SNCF parallèlement à la rue J. Jaurès, son centre étant placé dans l’axe du boulevard de la République.

Anne-Marie Winkopp

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Nous avons bombardé Noisy-le-Sec

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Trois acteurs canadiens du bombardement de Noisy-le-Sec le 18 avril 1944, trois destinées différentes.

Les bombardements, les victimes civiles

Les bombardements sur l’Europe occupée sont mis en œuvre par les différentes forces de bombardiers présents en Angleterre (Anglais, Canadiens et Américains).

On se souviendra que ces bombardements de la part de nos alliés sont quantitativement la première cause de mortalité de civils dans notre pays au cours de la Seconde Guerre mondiale (plus de 70.000 civils périront du fait des bombardements alliés).

Néanmoins l’histoire générale de ce conflit n’en parle que très peu. On a observé longtemps cette lacune chez les historiens français, même si on constate un regain de leur intérêt sur ce sujet au cours des dernières années.

De la même façon, le gouvernement français qui prend la pouvoir au sortir du conflit évite le sujet et ne suscite pas la commémoration de ces bombardements. De façon générale, les morts sous les bombardements alliés sont une catégorie de victimes qui est loin de susciter le même intérêt que les autres [tels les résistants, maquisards, déportés, fusillés], qui eux ont trouvé place dans les inscriptions sur la gravure sur pierre, souvent avec la mention de la cause de leur décès.

Par contre, si les noms des victimes des bombardements se trouvent souvent parmi les listes des « Morts pour la France », l’origine de leur décès passant souvent sous silence. Exception dans notre ville, où il est précisé au-dessus de la liste de leurs noms: « Les victimes civiles du bombardement aérien ».

Ces bombardements alliés sur la France sont aussi remarquablement absents dans la littérature et le cinéma français.

1944, la Transportation Plan (plan de transport)

  • Le plan consiste en la destruction maximale de l’infrastructure des transports en Europe du Nord-Ouest (France, Belgique, Allemagne) afin de faciliter le débarquement prévu en Normandie. Il vise à détruire au maximum les installations ferroviaires (gares, dépôts, triages …) afin d’isoler le futur champ de bataille en Normandie.
  • Ce plan doit s’appliquer sur 3 mois, de début mars à début juin 1944. Durant cette période, 22.000 avions vont larguer 67.000 tonnes de bombes, qui feront 16.000 victimes civiles.

Le bombardement de Noisy-le-Sec, 18 avril 1944

Précédés par 8 Mosquitos [chasseurs en charge de marquer les cibles avant le bombardement avec des fumigènes de couleur] …112 bombardiers lourds Halifax et 61 Lancaster  ont décollé vers 20h30 depuis les bases du Nord de l’Angleterre le soir du 18 avril et se dirigent vers Noisy-le-Sec.

Le bombardement de Noisy-le-Sec, un désastre humain et matériel pour la ville et ses habitants

  • Les avions lâchent leurs bombes au-dessus de la ville en visant les installations ferroviaires, mais à haute altitude et dans la confusion, ce qui fait que de très nombreuses bombes n’atteignent pas leur cible et détruisent des centaines d’habitations, à Noisy même, mais également dans les villes voisines.
  • On dénombrera de l’ordre de 750 victimes décès, bien au-dessus du chiffre jusqu’à présent toujours retenu (469 sur la ville). Aux 520 habitants de Noisy et aux démineurs venus de l’extérieur qui périront dans les jours suivant – que nous avons identifiés précisément sur notre diorama – il faut ajouter au moins 172 résidents des villes voisines, 27 aviateurs canadiens et anglais, sans parler de 30 militaires allemands.

181 avions ont déversé plus de 2000 bombes de 250 et 500 kg

 

Dès son retour, chaque équipage documente sa mission …

… document analysé, répertorié, puis classifié « Secret »

… et une synthèse (plutôt positive) est réalisée du bilan de l’opération …

Est documentée la méthode d’attaque des bombardiers

Depuis le quai de la gare…

 

Bilan humain, bilan matériel

Militairement analysé, le raid sur Noisy est considéré par les Britanniques comme un succès  (locomotives et wagons détruits, ateliers  sévèrement touchés, rotondes inutilisables) …   Toutefois, selon le colonel anglais en charge du bilan de l’opération : « Le travail de ciblage de la cible n’est pas satisfaisant, en dépit des efforts spéciaux qui ont été mis en œuvre ».

Ainsi les voies ferrées sont rapidement réparées, le trafic reprenant dans la semaine. Compte-tenu du terrible bilan humain, la polémique demeure sur l’utilité de ce type de bombardement, d’autant plus que nombre de ces bombes sont à retardement, et entraîneront de nombreuses victimes le 19 avril et les jours suivants, notamment parmi les sauveteurs.

Les opérations de bombardement font l’objet de compte-rendus très précis de la part des équipages des avions.

Des photos sont systématiquement réalisées à cette occasion. Ainsi, concernant le bombardement de Noisy, il existe aux Archives du Canada un relevé précis des images prises lors de l’opération par chacun des bombardiers.

Nous tenons à remercier à cet égard nos correspondants canadiens, Jay Hammond et John Preston, pour nous avoir communiqué ces précieuses informations relatives au bombardement de notre ville.

Chaque photo est précisément nomenclaturée (localisation géographique, heure précise, altitude, nom du pilote, type photo) …
Tout est soigneusement répertorié et archivé.

Jay Hammond, le neveu canadien de l’un des aviateurs ayant bombardé Noisy, avec lequel nous sommes donc en contact étroit, nous a adressé ce message il y a quelques jours à l’occasion du 79 ème anniversaire du bombardement :

Traduction:

A tous les habitants de Noisy-le-Sec qui pensaient que les « haricots verts sont secs » signifieraient le début de leur libération, mais qui sont morts ou ont été horriblement blessés. L’utilisation de bombes à retardement était inexcusable. Je me souviendrai d’eux et de vous aujourd’hui.

Sincèrement, Jay

Nous avons pu retracer le cheminement de trois des aviateurs ayant participé à ce bombardement :

Ils sont tous les trois canadiens.

Gerard Schaughnessy

Dans un premier temps, attardons-nous sur la destinée de Gerard Joseph Shaughnessy.

Nous avons déjà évoqué le mois dernier avec l’exposé réalisé par Christophe le périple de Wilbur Boyd Bentz lors de sa première opération de bombardement, qu’il avait réalisée sur Noisy-le-Sec. Nous allons relater par la suite la description des missions qu’il a un temps  poursuivies, et le sort qui l’a douloureusement frappé.

Puis nous évoquerons les incertitudes du devenir concernant Harold Keith Tole.

Le 18 avril 1944, la gare est bien défendue par la Flak, la DCA allemande. Deux bombardiers entrent en collision au-dessus de la gare, l’un s’écrasant sur le triage, l’autre atterrissant sur le toit d’un atelier ferroviaire. Deux des membres d’équipage survivent à la chute de leur avion. L’un d’entre eux, Gerard Schaughnessy, est blessé, mais parvient à s’extraire de la carlingue.

Gerard Schaughnessy

L’équipage de cet avion tombé au sol :

Une épopée pour parvenir à rejoindre l’Angleterre

Tout aviateur revenant d’une mission de bombardement faisait l’objet d’un interrogatoire où il devait transcrire précisément les circonstances de sa mission. C’est ainsi que Shaughnessy précise à son retour en Angleterre :

Le sergent Pett aurait sans doute suivi le même le chemin que Shaughnessy s’il n’avait eu la malchance de rencontrer des miliciens. Il s’était caché dans le bureau de la conservation de l’ancien cimetière, très endommagé par le bombardement. Le 20 avril, le conservateur des cimetières de Noisy-le-Sec, Jules Cohat, revient sur les lieux avec une équipe d’hommes pour transférer ailleurs les archives et le mobilier. Par un malheureux hasard, ces volontaires sont des miliciens. Arrivé sur place, Cohat découvre l’aviateur anglais, tente de le cacher, mais les miliciens qui fouillent toutes les pièces dans l’espoir d’y saisir quelque butin  le trouvent, sortent leurs couteaux à cran d’arrêt et une paire de menottes. Sur les protestations de Cohat, Pett n’est pas menotté, mais il est emmené au QG de la Milice. On ne sait pas s’il a été maltraité. Il a ensuite été envoyé dans un camp de prisonniers de guerre, d’où il est revenu en 1945.

Jules Cohat n’en était vraisemblablement pas à son premier essai d’aide à un aviateur allié, car après la guerre, il a été reconnu par les Anglais comme « helper », une distinction qui n’était pas attribuée facilement.

Onze autres citoyens de Noisy-le-Sec ont reçu ce titre, dont trois par les Américains. Au moins deux des douze Noiséens qui ont été déportés par mesure de répression avaient aidé des aviateurs alliés. lls sont morts dans les camps de concentration de Sarrebruck pour l’un, et de Dora pour l’autre.

Il serait sans doute souhaitable que notre ville fasse connaître largement l’action de ces concitoyens.

  • Mais comment était annoncé à leur famille le non-retour des membres d’un bombardier qui n’était pas revenu à sa base

Annonce à ses parents de la disparition (« Missing »)
de leur fils aviateur …
(Le message en date d’avril 1944 concerne l’un des aviateurs tombés près de la gare)

Courrier en avril 1945 aux parents de Basil Dennis, tombé sur Noisy-le-Sec, et dorénavant présumé décédé

Annonce en novembre 1946 aux parents de Basil Dennis, tombé sur Noisy-le-Sec, que leur fils est effectivement décédé et a été enterré par les Allemands

Wilbur Boyd Bentz

Wilbur Boyd Bentz, « Wib », avait accompli, on l’a vu le mois dernier, sa première mission le 18 avril 1944 au-dessus de Noisy-le-Sec, en tant que pilote, à 23 ans.

Il s’agit également de bombarder les sites de lancement de fusées contre la Grande-Bretagne que construisent les Allemands dans le Pas-de-Calais.

Après des attaques « couronnées de succès » à Haine St. Pierre  en Belgique le 8 mai, à Calais le 9 mai, l’escadron 426 avec ses Halifax (ci-dessous) exécuta des raids en Belgique, à Gand puis à Louvain. Cette dernière attaque ne fut pas un franc succès et se termina par des tragédies, car si plusieurs avions durent abandonner la mission, d’autres furent perdus avec leur équipage.

«Attaques couronnées de succès » … Peut-être militairement, mais pour les populations … Ainsi à Calais :

La dernière mission de Wilbur Boyd Bentz

Sa quatrième mission lancée au soir du 12 mai 1944, au sein de l’escadron n° 426, consiste à bombarder un important centre ferroviaire à Louvain, en Belgique.

Les 120 avions, chargés chacun de 9 bombes de 500 kg et de 4 bombes de 250 kg, décollent en 14 minutes (soit un départ toutes les 7 secondes) de Grande-Bretagne depuis l’aéroport de Linton-on-Ouse, North Yorkshire à partir de 22h11.

 La cible est bombardée par les escadrilles le 13 mai entre 00:28 et 00:35.

Les 8 membres de l’équipage du bombardier Halifax LW682, sept Canadiens et un Anglais

Le Halifax LW682 est intercepté au sud-ouest de Bruxelles au-dessus de la ville de Geraadsbergen par un chasseur allemand. À 01.09 une rafale de feu éventre le fuselage du bombardier. Moins de deux secondes plus tard l’un des aviateurs, l’Anglais Roy Ellerslie, saute. L’avion a navigué comme une torche allumée d’une hauteur de 3 000 mètres.

À l’heure annoncée du retour, l’équipage du Halifax est porté manquant

Cette opération sur Louvain se traduira par la perte de 5 équipiers :

Le bombardier, abattu par le chasseur, s’abîme à Schendelbeke à la verticale d’une tourbière près de la rivière Dender. Les autres équipiers tentent de se rapprocher de la trappe d’évacuation, après avoir endossé leur parachute, mais la chute est trop rapide, elle dure moins d’une minute, et l’avion s’écrase au sol. L’ensemble de l’équipage décède, très certainement sur le coup, 4 de ses membres étant éjectés de la carlingue. Compte tenu de l’état marécageux, seule une petite partie de l’avion émergera encore quelque temps.

Tandis que les 5 corps éjectés sont récupérés et seront enterrés par les Allemands, les 3 autres aviateurs sont demeurés imbriqués à l’intérieur de l’avion. En quelques heures le bombardier s’enfonce dans la vase. Un rapport allemand du « Bergungskommando » signale dans un dossier détaillé qu’il n’est techniquement pas possible de le récupérer. En 1946 une équipe de la Royal Air Force envisage la recherche, avant de renoncer en raison de l’état du terrain. Dans les années qui suivirent le marais retrouva son état d’origine. Plus rien ne témoignait du drame.

Les recherches par les familles

Au bout de plusieurs années, en 1994, il se rend en Europe pour visiter le site et se rend compte que les restes des 3 aviateurs, le sous-lieutenant Bentz (pilote) et les sergents Summerhayes (mitrailleur dorsal) et Roach (mitrailleur de queue), demeurent apparemment toujours dans l’avion enfoui.

La quête de Jay durera 13 ans, pendant lesquels il parviendra avec obstination à mobiliser plusieurs associations et trouver les importants financements nécessaires, ainsi que les volontaires pour procéder à des fouilles.

L’extraction de l’avion du maraisLes obsèques le 10 novembre 1997

Harold Keith Tole

Pour terminer, évoquons le sort de l’aviateur tombé dans un jardin noiséen

L’arrière de l’un des bombardiers est tombé dans la nuit du 18 au 19 avril 1944 à la limite de deux jardins dans le secteur Carnot – Marceau.

Document très précieux, une photo de l’appareil a pu être prise par le père de Bernard Boivin, on y distingue un aviateur dans son cockpit de mitraillage de queue.

Mes propres grands-parents m’ont raconté que l’aviateur était toujours vivant dans son cockpit. D’autres  témoins l’ont entendu appeler au secours.

Après enquête fouillée, il apparaît que le mitrailleur est très vraisemblablement le Canadien Harold Keith TOLE (21 ans)

Mais qu’est devenu Harold Keith Tole ?

Au matin du bombardement plusieurs voisins tentent d’entrer dans le jardin via l’avenue Marceau, mais ils sont refoulés par la police allemande qui emporte Tole (toujours vivant, on ne sait pas à ce moment là ?).

On ne saura pas non plus ce qu’est devenu ensuite le militaire …

En effet, curieusement, contrairement à ses 6 co-équipiers (voir ci-dessous), Tole, déclaré blessé, mais vivant, n’a jamais été référencé comme étant décédé. Son corps n’a pas été retrouvé, et il n’a pas de tombe identifiée, contrairement à tous les autres aviateurs membres de son équipage décédés, comme le précise le document ci-dessous :

Pour terminer, on peut imaginer une belle histoire …

Harold Keith Tole a survécu à la chute de son bombardier.

À la fin du conflit, il décida de rester à Noisy-le-Sec, où il vécut de nombreuses années avant son décès, à l’orée des années 2000 …

 

Jean-Luc Simon

 

 

 

 

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Histoire de l’école Gambetta

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Petit rappel de la situation des écoles à Noisy-le-Sec avant la création de l’école Gambetta.

Noisy a été très tôt investi dans l’instruction de ses enfants (garçons comme filles)

Ainsi dès 1820 avec 1500 habitants une petite école au pied de l’église Saint-Etienne est tenue par un couple d’instituteurs M. Mme Trouet : deux salles de classe une pour filles et une autre pour garçons. Mais en 1843, l’école  est trop petite pour une population de 2300 habitants et surtout les locaux sont très vétustes, la municipalité décide d’en construire une en face entre la rue de l’église et la rue de Cottereau, la petite équipe déménage donc dans cette nouvelle école qui sera organisée sur le même modèle : deux salles où garçons et filles sont séparés et sera dirigée au cours du XIXe siècle par Mme Marie-Augustine Blancheteau, notre première institutrice diplômée d’état, et par sa fille Eugénie Blancheteau jusqu’au début du XXème siècle .

Noisy-le-sec se développe avec la création de la ligne de chemin de fer Paris-Strasbourg qui s’arrête à la nouvelle gare en 1849 et dès lors tout au long du XIXe et après la population ne cesse de s’accroître, avec tout une main d’oeuvre employée dans les divers ateliers de dépôt, de maintenance et de réparations. Ainsi en 1874 est décidée la construction de l’école Damas, rue Damas (rue Pierre-Brossolette) uniquement pour les garçons, prenant ceux de l’école Cottereau qui est réservée aux filles.

En 1888 avec 5000 habitants, il faut une nouvelle école, ainsi boulevard Gambetta sont créées en 1890 deux classes » mixtes » (garçons et filles dans les même locaux mais séparés). Mme Goubet fait l’ouverture, ensuite ce sera Mme Lavigne jusqu’en 1926.

Puis presque chaque année verra une nouvelle classe créée :

-1891 une 3e

-1895 une 4e et une classe enfantine (maternelle) et 350 élèves

-1896 il y a 5 classes

En 1898, l’école Gambetta est agrandie par la surélévation du bâtiment sur la rue avec logement de fonction, loge de concierge dans une extension vers la cour. Il y a alors 8 classes et 2 classes enfantines. En 1899 s’y ajoutent 2 classes de Cours complémentaires ou cours primaires supérieurs, un an ou deux après le CM2. Noisy est le chef-lieu de canton de 10 communes et drainent donc une population importante et toujours croissante.

Au début du XXe siècle, on atteint 10 classes. En 1907, il est décidé de construire une nouvelle école et ce sera rue Carnot, à la place du square, juste derrière Gambetta. En 1910, première rentrée scolaire, l’école Carnot est destinée uniquement aux garçons, les nouveaux, et ceux qui allaient à Gambetta et qui les rejoignent.

A cette même époque sont prévues des réparations dans les autres écoles. A Gambetta, 3 nouvelles classes sont créées et 3 autres réaménagées. L’école Carnot doit démarrer avec 8 classes mais seules 5 sont prêtes et les 3 autres, des cours complémentaires, viendront un peu plus tard.

C’est M.Tourey qui fait l’ouverture et dirige  l’établissement jusqu’en 1928.

Ainsi pour résumer la répartition des  4 écoles primaires de Noisy-le-Sec, en 1910 :

-il y en  a 2 pour les filles à Cottereau et à Gambetta.

-il y en a  2 pour les garçons à Damas et à Carnot.

Au moment de la première guerre mondiale , en 1914, l’Etat-Major du Général Gallieni (la 6e armée) s’installe dans l’école Gambetta qui est évacuée, particulièrement  pendant la Bataille de la Marne. La scolarité s’effectue par alternance filles-garçons à l’école Carnot.

La ville ne  souffre pas de la guerre : pas de bombardements mais de nombreux mouvements de troupes et d’arrivées de blessés des communes avoisinantes, proches du front. Le bâtiment de La Galerie, d’ailleurs, sert d’hôpital d’évacuation où l’on trie et oriente les blessés vers l’arrière. Finalement, l’école Gambetta reprend assez vite ses cours.

 

Entre 1925 et 1928 s’ouvre une 3e classe de cours complémentaires. Il y a alors 14 classes avec  540 élèves. Dix ans plus tard, c’est un nouvel agrandissement du bâtiment au-dessus du préau.  A la veille de la 2e guerre mondiale, l’école compte 16 classes.

En 1939, l’école est à nouveau occupée par les militaires et les pompiers, les élèves sont alors répartis en alternance à l’école Carnot et les cours complémentaires vont à Baudin sous la direction de Mme Germaine Cousin. Les autres écoles de Noisy fonctionnent normalement jusqu’au 18 avril 1944. Cependant, étant donné l’importance stratégique et militaire de la gare et les bombardements  possibles, la municipalité avait initié une évacuation qui envoyait un certain nombre d’enfants en province avec des enseignants volontaires.

 

Le 18 avril 1944, Noisy-le-Sec est déclarée « ville morte ». Une bombe est tombée en plein centre de l’école Gambetta sur le bureau de la directrice Melle Thommeret et les logements de fonction, de la concierge Mme Bouglé, et les deux familles ont été tuées.

On pare au plus pressé : des réparations de fortune, des étayages de murs. Ce n’est qu’en 1947 que le bâtiment est reconstruit et modernisé : loge de concierge, bureaux directoriaux, secrétariat et infirmerie sont remis aux mêmes emplacements, mais les logements de fonctions sont à l’arrière sur cours dans un nouveau bâtiment dont le sous-sol sert de réfectoire.

Dans la décennie suivante 1956-65 l’école Gambetta compte 27 classes avec  1065 élèves et 3 classes nouvelles de cours commerciaux.

1970 : la Réforme Haby avec la création des CES (collège d’enseignement secondaire) et la mixité des classes  et de tous les établissements.

Que se passe-t-il à Carnot et à Gambetta ? Tous les primaires se retrouvent à Carnot et les 9 cours complémentaires à Gambetta qui devient le CES Gambetta. Il est dirigé par Melle Migraine (auparavant directrice des primaires et complémentaires filles depuis 1966) et  par M. Winkopp son directeur adjoint (ancien directeur des primaires et complémentaires garçons de Carnot depuis 1961).

Il est à remarquer que les cours complémentaires des deux établissements n’avaient pas suivi la même évolution : 3 classes seulement pour les garçons de Carnot qui souvent préféraient aller à Paris contre 6 classes de filles qui restaient plutôt à Gambetta où existait, en plus, une classe  préparatoire à l’Ecole Normale. Mais les classes sont vite  surchargées : des préfabriqués sont installés un peu partout dans les cours. Il devient évident qu’il faut un nouveau collège.

1977 : un espace se présente entre l’allée de l’abbé Gitenet et la 2eème partie du boulevard Gambetta qui appartiennent au diocèse de l’église Saint-Jean Baptiste, aux familles de Jean Bergé, Ariane Ego-Chevassus, Hector Espaullard…Les propriétaires défendent leurs terrains qui malgré tout seront bel et bien amputés pour le nouveau collège Jacques Prévert.

L’établissement démarre avec des classes du collège Brément (futur Olympe de Gouges), lui aussi surchargé, de Baudin qui ferme quelques années jusqu’en 1982 et aussi de Gambetta (sans plus de précision). Le 1er directeur de Jacques Prévert est M.Duru pendant 2 ans puis ce sera M.Roumieux de 1979 à 1995.

La partie Gambetta est rattachée au nouveau collège et en devient son annexe. Ainsi au collège Jacques Prévert se trouve la direction générale avec un adjoint, un CPE , un intendant, la cantine et  à Gambetta ,un directeur adjoint qui sera toujours M.Winkopp jusqu’à sa retraite en 1982 et aussi un CPE.

Une petite anecdote amusante : les premiers directeurs de Prévert préféraient loger dans les logements de fonction de Gambetta plus agréables, paraît-il, que ceux de Prévert Dombasle, mais après M.Roumieux, ensuite ce fut impossible, plus le choix…

1987: les 100 ans de Gambetta et les 10 ans de l’AECGNS, amicale des Anciens de Gambetta-Carnot animée par la famille Cousin et Chr. Lesage. Ce fut une belle fête.

2014 c’est la reconstruction de l’annexe Gambetta.

2024 les 2 parties du collège J. Prévert s’équilibrent tout à fait au point de vue nombre d’élèves 4 classes par division (de la 6e à la 3e) soit un peu moins de 800 élèves

N.B.  J’ai bénéficié de beaucoup de documents : le  Livre d’Or de l’Amicale, le fascicule d’Emmanuel  Cousin  « Gambetta de la naissance à nos jours ».

Je remercie aussi Paule Bergé et Anne-Marie Winkopp pour les photos et documents personnels que j’ai pu consulter et montrer et Danièle Clayette pour ses souvenirs.

 

Marie Jo Gladieux

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Résister : Noisy-le-Sec 1940-44

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Introduction aux sujets de l’année 2025

L’année 2025 sera marquée par les 80 ans du 8 mai 1945 qui correspond à la fin de la seconde guerre mondiale en Europe. C’est l’annonce de la capitulation de l’Allemagne.

La guerre se poursuit en Asie en particulier entre les États-Unis et le Japon.

Ce n’est qu’après les bombardements atomiques américains sur Hiroshima (6 août 1945), puis Nagasaki (9 août 1945) et l’attaque soviétique en Mandchourie, que l’empereur Hirohito annonce, le 15 août 1945, la capitulation du Japon.

La municipalité a décidé de commémorer cet anniversaire en mettant l’accent sur la Résistance et en effectuant le parcours décennal non réalisé l’an passé. Pour rappel le parcours décennal consiste à relier en une même journée les plaques commémoratives de la ville dédiées aux morts de la seconde guerre mondiale et notamment aux résistants. C’est dans cet esprit qu’une campagne de remplacement de plaques trop abimées a commencé (ex Joseph François à l’hôtel de ville, Louis Welscher rue Pierre Sémard, ou encore allée des Pavillons).

En ce qui concerne notre association, nous avons décidé de renouer avec les expositions abandonnées depuis le Covid. Nous proposerons donc en salle G Philipe du 2 au 11 mai 2025, une exposition intitulée « Résister : Noisy-le-Sec 1940-45 ». Les horaires restent à préciser.

L’exposition sera ouverte aux scolaires. Nous avons commencé à travailler avec 3 classes de l’école Rimbaud au Londeau (1 CM1/CM2 et 2 CM2). Pour les 3 classes nous proposerons :

  • avant l’exposition, une visite commentée de la stèle de la place du Maréchal Foch + les 2 plaques de la façade de la mairie (au sujet de la stèle, nous allons entreprendre une action auprès de la ville afin que les lettres soient changées de couleur, actuellement illisibles)
  • une visite de l’exposition (avec carnet d’accompagnement) en 2 temps : un commentaire, puis un temps libre pour une expression artistique via le dessin. Pour cette partie, nous aurons le concours de 2 membres des Fondus de Merlan. En juin, la classe de CM2, qui travaille avec le conservatoire de musique de Noisy, présentera un spectacle avec interprétation de chants liés à cette période – chant des partisans, Marseillaise, etc. A cette occasion les dessins réalisés par les enfants des 2 autres classes seront exposés au conservatoire.

Le contenu de l’exposition

  • des affiches
  • des panneaux explicatifs
  • des objets
  • diffusion du témoignage oral de Louise Welscher

Nous avons publié dans le dernier numéro du journal Horizons un appel à témoin.

Aujourd’hui je vous propose, d’une part, une réflexion sur « qu’est ce que résister ? » et d’autre part le portrait d’un résistant noiséen.

Qu’est-ce que résister ?

Définition du dictionnaire Larousse : S’opposer à une force armée d’occupation, et en particulier, participer à la Résistance pendant la Seconde Guerre mondiale.

Comment résister ?

Les moyens sont multiples. Néanmoins, on peut esquisser trois modes d’action principaux: la résistance civile, improprement qualifiée parfois de passive, la lutte armée ou résistance militaire, la résistance humanitaire ou caritative.

1/ La résistance civile

Elle traduit le refus de la domination du vainqueur et consiste, en premier lieu, en une contre-propagande hostile à l’occupant, qui va des graffiti sur les murs et de la lacération des affiches ennemies à la fabrication et à la diffusion de publications clandestines en tout genre – tracts, journaux, caricatures, opuscules. Cette presse clandestine s’impose dès les débuts de l’Occupation, afin d’y maintenir et d’y relever le moral.

La presse clandestine : En l’espace de cinq ans, des millions de journaux sortent des imprimeries clandestines, poursuivant partout les mêmes objectifs : révéler les horreurs du nazisme, stimuler les tièdes, encourager les sympathisants, soutenir les combattants, développer chez les occupés, une hostilité systématique envers les nazis. D’ailleurs, plusieurs des mouvements importants de résistance sont nés autour de journaux clandestins. Franc-Tireur tirera à 165 000 exemplaires en utilisant douze imprimeurs successifs, Combat consomme chaque mois trois tonnes de papier, Jean Paulhan fonde avec Jacques Decour, qui sera fusillé par les nazis, les Lettres françaises ; Marc Bloch met sa plume au service de l’antinazisme.

 

Un mot sur Témoignage Chrétien : la spécificité du Témoignage Chrétien, par rapport aux autres journaux de Résistance est qu’il revendique une Résistance spirituelle. C’est en effet en référence à l’Évangile et aux idéaux chrétiens que Témoignage Chrétien s’est opposé au nazisme. A Noisy, il sera diffusé, entre autres,  par le réseau de l’abbé Gitenet. Nous aurons l’occasion d’en reparler.

Les personnes qui tentent de diffuser ces journaux se retrouvent opposées à la Gestapo et doivent user de la ruse pour déposer leurs papillons (journal sur une seule page, recto-verso) chez un maximum de gens sans être arrêtées. A Noisy, Louise Welscher témoigne qu’elle cachait ces « papillons » dans les cages à lapins dans son jardin.

Rappelons que détenir un tract ou un journal clandestin rend suspect. En posséder plusieurs exemplaires rend coupable.

Les grèves : autres manifestations de résistance civile :

  • les grèves, menées en dépit de la violence de la répression
  • mention spéciale pour les grèves insurrectionnelles de 1944 des cheminots noiséens
  • la non-exécution des ordres et des circulaires dans les administrations au niveau national ou local
  • l’infiltration de résistants dans les postes de responsabilité des différents services publics.

2/ La résistance militaire

La lutte armée, celle des partisans et des saboteurs – frappe l’imagination et suscite l’admiration. Ne considérant pas la victoire finale comme acquise aux Allemands, les résistants commencent par cacher des armes et entrer en contact avec les services britanniques en attendant le jour où ils pourront constituer une armée secrète, se livrer à la guérilla sur les arrières de l’ennemi et participer par les armes à la Libération.

Espionnage et intendance : de fait, depuis Londres, les Britanniques et les gouvernements en exil envoient des agents et des techniciens radio pour recruter des volontaires qui, malgré les multiples arrestations, transmettront jusqu’à la fin de la guerre des informations capitales pour les Alliés. La plupart de ces réseaux de renseignements, premiers éléments en date de la résistance militaire, sont d’une remarquable efficacité. Plusieurs noiséens et noiséennes seront arrêtés pour détention de poste émetteur.

Si les activités d’espionnage, qui débouchent sur la collecte et la transmission de renseignements concernant l’ennemi, sont essentielles, il faut parallèlement organiser des réseaux d’évasion, en particulier pour les aviateurs tombés en territoire occupé.

Ce sont les helpers.

Attentats et représailles : dans le même temps, attentats et sabotages se multiplient et  obligent les Allemands à vivre en état d’alerte permanent.

En France, les attentats se multiplient à partir de 1943. Le rôle militaire de la Résistance va s’accroître. Les premiers parachutages d’armes ont lieu dans le Cantal à la fin de 1943. Des maquis s’organisent, notamment en montagne. Celui du Vercors est anéanti du 21 au 27 juillet 1944. Les attentats n’épargnent pas les collaborateurs : certains sont condamnés à mort depuis Londres par la cour martiale de la Résistance; Philippe Henriot (secrétaire d’Etat à l’information et à la propagande du régime de Vichy)  est abattu par des officiers de la Résistance en mission le 28 juin 1944.

3/ La résistance humanitaire

Cette forme de résistance se donne pour mission de venir en aide aux persécutés et d’apporter secours et protection aux diverses catégories de victimes: en premier lieu les juifs, mais aussi les familles de résistants arrêtés et déportés.

Elle leur fournit de l’argent, des hébergements, des «planques», des vêtements, des cartes d’alimentation. De véritables laboratoires de faux papiers sont organisés, des prêtres délivrent de faux certificats de baptême.

Ce schéma présente, d’une façon simplifiée, l’organisation de la Résistance au niveau nationale.

L’affiche montre la nécessité de l’union des résistances.

  • le soldat sur le sol anglais et le résistant sur le territoire française oeuvrent ensemble pour la Libération de la Patrie.

L’affiche Liberté

A présent je vais vous présenter une figure de la Résistance noiséenne qui entre dans la 1ère catégorie, la résistance civile. Cet exemple montre, si cela était nécessaire, que cette forme de résistance n’est pas sans risque.

Léon Lochin

Il est déclaré né le 29 décembre 1914 à Changé dans la Mayenne. En fait, il est né à Toulouse dans la gare, puisque sa mère était en voyage dans cette ville lors de la naissance ; c’est le Docteur Charles, médecin SNCF, de Noisy, lui-même en voyage, qui a procédé à l’accouchement.

Il est le fils de Léontine Plumas et de Charles Lochin. Il a une sœur Hélène et un frère Charles.

Il travaille d’abord comme lithographe à Laval. En 1931, il participe à un concours de pêche  (L’avenir de la Mayenne du 16/08/1931). Puis, devenu orphelin,  il va habiter NLS

En 1938, il réside au 63 avenue de Bobigny (liste électorale) puis chez son frère Charles qui est ajusteur,  au 14 rue Henri Barbusse.

Sur cette photo de 1939 pour les 150 ans de la Révolution, on le reconnaît au 1er rang. Il est secrétaire de la section des Jeunesses Communistes de Noisy et membre du bureau de la Région Paris-Est des JC.

Léon Lochin est une première fois arrêté en 1939 pour possession de vieux tracts de 1938 (avant pacte germano-soviétique), mais il est relaxé. Le 24 décembre 1939, il participe à un « Noël Rouge » à Noisy, et est emprisonné à Fresnes pour « transport de ronéo ». Lors de la débâcle, (entre le 10 et le 15 juin 1940) la prison est vidée et évacuée dans une colonne à pieds ; il en profite pour s’évader. De retour à Noisy où il était cantonnier à la ville, il ne cherche pas à fuir ; 2 mois après (le 1er septembre 40) il est arrêté par la police française dans le cadre  de la grande rafle organisée, avec l’accord de l’occupant, par le gouvernement de Vichy à l’encontre des principaux responsables communistes de la Seine. Ces communistes sont regroupés au stade Jean Bouin puis emmenés par car et internés au camp d’Aincourt le 5 octobre 1940.

Un mot sur ce camp : il s’agit de l’ancien sanatorium d’Aincourt (La Bucaille) situé à Fontenay-Saint-Père en Seine et Oise. Il s’agit d’un camp d’internement administratif de la Zone Nord qui devient un centre de séjour surveillé. Y sont enfermés tous ceux qui pouvaient être dangereux pour la défense nationale, sans enquête et sans jugement. Ce sont en grande majorité des militants communistes.

Il est sorti plusieurs fois du camp pour interrogatoire. Le 12 novembre 1941, il est emmené à Paris pour être jugé. Le 17 novembre 1941, la 12ème cour du tribunal correctionnel de Paris le condamne à 6 mois de prison.

Le 25 janvier 1942, il est de retour au camp.

Les autorités du camp d’Aincourt proposent un marché à Lochin : s’il condamne, renie le Parti Communiste, il sera radié de la liste des otages susceptibles d’être fusillés par les nazis. Léon Lochin répond par le mépris.

Autre exemple de ces « propositions » faites aux prisonniers communistes Félix Routhier.

Le 11 février 1942, Léon Lochin fait partie d’un groupe de 21 internés qui sont transférés à Compiègne. Il s’agit d’un camp allemand le Frontstalag 122.

13 d’entre eux seront déportés à Auschwitz dont Léon.

Le 6 juillet 1942, à 6 heures du matin, il est conduit, à pied, 4 km, sous escorte allemande à la gare de Compiègne avec ses camarades puis entassé dans un wagon de marchandises. Le train part à 9h 30.

Dans ce convoi au départ de Compiègne il y a 1175 hommes dont 1100 otages communistes, 50 otages juifs et quelques « associaux ». Il s’agit là d’une déportation de représailles contre le « judéo-bolchévisme » pour tenter de terroriser les petits groupes armés communistes qui entreprennent d’attaquer des officiers et des soldats de la Wehrmarcht.

3 hommes arrivent à s’évader du train. Le convoi met 2 jours pour arriver à Auschwitz

Convoi du 6 juillet 1942, dit convoi des 45000. Ils furent immatriculés à Auschwitz le 8 juillet 1942 entre les numéros 45147 et 45326 (d’où le nom de 45000).

 

Aucun document ne permet de connaître la date exacte de son décès au camp. Après la guerre, l’Etat civil français retiendra la date du 31 décembre 1944.

Léon Lochin a été reconnu comme déporté politique, mort en déportation. Son nom figure sur la stèle place du Mal. Foch et également sur une plaque sur la façade de la mairie.

Sur le convoi des 45000, seuls 119 sont en vie à la libération du camp.

Sources :

Sites : déportés politiques d’Auschwitz et Mémoire vive de la Résistance.

 

En marge de ce récit, Léon Lochin ayant été employé municipal, j’ai consulté les archives détenues sur lui  à la ville. Les documents que j’ai trouvés sont intéressants car ils reflètent les mentalités de l’époque.
Alors emprisonné à Aincourt Léon écrit le 8 février 1941 au Président de la Délégation Spéciale qui gère les affaires de la ville. Dans ce courrier, il explique :

  • il a été embauché par la ville en qualité de cantonnier le 4 juillet 1938,
  • il a assuré cet emploi jusqu’à 31 août 1939 date à laquelle il a été arrêté comme jeune communiste,
  • le 4 aout 1939 il pensait être nommé cantonnier stagiaire par M Routhier maire qui lui en avait fait la promesse,
  • en mai 1940 cette inculpation a été reconnue non fondée et il a bénéficié d’un non lieu,
  • il a demandé à reprendre son service ce qui a été refusé,
  • il demande à bénéficier de la loi du 17 juillet 1940 qui prévoit le maintien de son salaire pendant 3 mois, or on ne lui a même pas payé le préavis accordé à un employé licencié,
  • il explique qu’il est soumis au régime de séjour surveillé depuis le 5 octobre, il estime que n’ayant rien à se reprocher il espère être libéré à brève échéance et compte se marier aussitôt libéré;
  • il en appelle à l’impartialité du Président de la Délégation spéciale.

La ville consulte la Préfecture sur ce cas. Dans la note manuscrite dans le dossier il est noté « M Lochin a quitté son emploi de lui même ou c’est tout comme » Il ne peut se prévaloir de la Loi de juillet 1940 qui s’applique à ceux qui ont été privés d’emploi par décision de l’administration qui les occupait. « A mon avis votre agent ne peut évoquer aucun texte, il tombe sous le coup d’un règlement de comptabilité publique qui n’a pas travaillé ne doit pas être payé »

Dans le dossier il y a la lettre de licenciement daté du 26 mars 1941.

 

Anne-Marie Winkopp

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Noiséennes en Résistance

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8 mars, Journées internationales des droits des femmes

Alors même qu’elles ne sont pas considérées comme des citoyennes à part entière jusqu’en 1944, le rôle des femmes est important dans la Résistance.

Ve,nez découvrir leur histoire dans notre prochaine exposition « Résister, Noisy-le-Sec, 1940-1944 » du 2 au 11 mai 2025 salle G Philipe.

Yvette Levy

Marcelle Castel

Emilienne Pergaud

Germaine Quatremaire

Louise Welscher

Marcelle Gougat

Jacqueline Quatremaire

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LES HELPERS

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QU’EST-CE QU’UN HELPER ?

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

CONTEXTE HISTORIQUE :
Dès 1939, les Anglais prennent conscience de la valeur de leurs aviateurs abattus : valeur morale
et financière (10 000 livres : soit la scolarité de 10 étudiants à Oxford pendant 3 ans).
En décembre 1939, le War Office crée le MI 9, un bureau secret, chargé d’aider les aviateurs
abattus en territoires occupés, à rentrer en Angleterre.
Le MI 9 distingue 2 types d’aviateurs : les Escapers qui s’évadent d’un camp de prisonniers et les
Evaders qui n’ont pas été capturés.
En octobre 1942, les Américains créent le MIS X sur le modèle du MI 9 anglais.
Ces 2 organismes rédigent les rapports d’évasions des aviateurs abattus et commencent à dresser
des listes de personnes ayant aidé ces aviateurs abattus. Ces personnes sont appelées les
Helpers (aidants).
Le rôle des helpers devient si important, qu’en janvier 1945, le MI 9 crée l’ IS 9, une école de
formation à l’évasion pour les soldats anglais, sur la base des rapports d’évasion recueillis.
A la fin de la guerre, les alliés souhaitent remercier les helpers et installent à Paris le ‘Awards
bureau’ (bureau des recherches) chargé de cette mission. Il est commandé par le colonel Donald
Darling.
Le Awards bureau ré- étudie systématiquement tous les rapports d’évasion, mais surtout publie
des annonces dans les journaux français, en demandant aux personnes ayant apporté une aide
quelconque à des aviateurs alliés abattus, de se faire connaître.
Le cas de chaque Helper donne lieu à une enquête approfondie, avec
recoupements de témoignages, enquêtes de voisinage…
vérifications,
A la fermeture du bureau en 1947, 33 535 personnes auront été reconnues officiellement comme
helpers.

Ces 33 535 personnes sont reparties dans 20 000 dossiers.
Un dossier pouvant couvrir une personne, un couple, ou une famille entière.
Il peut comporter d’une seule à une centaine de pages.
Pour ‘faciliter’ les recherches, un index papier de 1500 pages a été créé en 1947.

L’INDEX

CONTENU DE L’INDEX:
L’index est classé par ordre alphabétique et comporte 7 colonnes :
1 Le nom du helper :
Pour les couples, le nom est celui du mari, avec la mention ‘et Madame’ ou avec le prénom de
l’épouse.
Les titres sont également mentionnés :
Docteur (400 dossiers)
Hommes ou femmes d‘Eglise : abbé, curé, pasteur, sœur ou mère (200 dossiers)
Militaires : de caporal à général (250 dossiers)
Noblesse : prince, duc, comte, baron, et leurs équivalents féminins (110 dossiers).

2 l’adresse du helper :
En ville, les adresses sont plutôt précisément relevées…sauf exceptions : métro Saint Paul.
Pour les campagnes, le nom de la commune tient souvent lieu d’adresse.
Il est à noter que de nombreuses erreurs émaillent ces données.
Les noms de lieux sont quelques fois phonétiques (recueillis par des Anglo saxons).
Quant aux adresses, il s’agit de l’adresse du helper au moment des faits relatés.
Beaucoup de déplacements de populations ont eu lieu en France, du fait des combats de la
libération ou des bombardements.
Enfin, de nombreux noms de rues ont été changés à la libération, notamment en Alsace et en
Lorraine.

3 Le niveau de classement proposé (Award grade proposed) :
Les alliés classent l’importance du dossier du helper, sur une échelle de 1 à 5 puis Nil (néant).
Le chiffre 1 correspond à une action exceptionnelle : en l’occurrence à l’organisation d’un réseau
d’évasion.
Le chiffre 5 témoigne d’une aide ponctuelle, mais significative à 1 ou 2 aviateurs alliés.
Nil correspond à une action modeste mais reconnue.

4 Le numéro de certificat (certificate number) :
C’est le numéro sous lequel a été enregistré le dossier, lorsqu’il a été validé par les autorités
britanniques.
Les causes de refus de validation par les Anglais sont en général :

– aide aux aviateurs américains exclusivement (dossier transféré aux services américains)

– liste noire (blacklist) : helpers reconnus mais dont le comportement collaborationniste annule
leurs actions de helper

– pas de confirmations prouvées, des noms cités par les aviateurs, à l’issue de l’enquête

5 Le numéro de dépôt (claim number) :
C’est le numéro sous lequel à été déposé le dossier auprès du Awards bureau

6 La récompense accordée (compensation paid) :
Dans certains cas, les alliés accordent une compensation financière :
– Compensation de frais importants, engagés lors de l’aide apportée aux aviateurs abattus
– Compensation pour la mort ou la déportation du helper ou d’un proche, en relation avec
l’aide apportée aux aviateurs
L’aide maximale accordée trouvée dans l’index, est de 150 000 F de l’époque (1 450 000 € actuels
environ).

L’ACTION DES HELPERS
Quelques chiffres :
On estime qu’au moins 4 000 soldats et aviateurs alliés ont été pris en charge entre 1939 et 1944,
et ont réussi à rentrer en Angleterre. Ceux qui ont été repris par les Allemands ne figurent pas
dans ces chiffres, mais ont également bénéficié des efforts des helpers.
Pour les seules évasions réussies, cela représente un total estimé de 348 000 jours et nuits
d’hébergement en territoire occupé (presque 1 000 ans !).
La durée moyenne d’un séjour en territoire occupé, avant le retour en Angleterre,
est de :

– 87 jours pour un aviateur abattu au-dessus de l’Europe

– 116 jours pour un aviateur abattu en Allemagne

Concrètement :
Le contact avec les aviateurs abattus
Il faut ensuite les cacher, les loger, les nourrir, les vêtir, les soigner, leur fournir de faux papiers et
de faux tickets de rationnement, les accompagner dans les transports, leur faire traverser la ligne
de démarcation, les frontières…
Avec des contraintes fortes : l’indiscipline, la promiscuité, l’ennui, la haute taille (US) ou la couleur
des cheveux (roux), la sécurité quotidienne (rideaux), trouver des personnes parlant anglais…
Le tout dans un contexte de restrictions, de suspicion généralisée et de pression continue de la
police, de l’armée allemande et de la gestapo.
Dans le même temps, les familles de France ont caché 100 000 réfractaires au STO et un nombre
inconnu de familles juives, et de prisonniers français évadés.
Une armée de fourmis :
Les helpers sont essentiellement des résistants isolés et éparpillés.
Sur toute la durée de la guerre, seuls deux réseaux organisés ont été distingués par les alliés :
Françoise et Comète,
L’essence même de l’action du helper est solitaire, pour 2 raisons :

– la soudaineté brutale de l’apparition d’aviateurs à aider ne laisse aucun temps à l’anticipation et
à la préparation

– les helpers ‘récidivistes’, l’accompagnement au quotidien des aviateurs ne permet pas un travail
en nombre
Un trio d’hommes est déjà suspect dans les transports en commun, pour les yeux surentraînés des
agents de la gestapo ou de la police allemande.

OU SONT LES HELPERS ?

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Le plus grand nombre de helpers se trouve à Paris
et dans sa proche banlieue :
3383 personnes pour Paris intramuros.
Paris et sa banlieue sont en effet le centre logistique de la France.
Toutes les routes importantes (les nationales) et les voies ferrées y aboutissent.
C’est le point de départ obligatoire pour prendre le train. Il n’y a plus d’essence pour les trajets
longues distances et les contrôles routiers sont beaucoup trop nombreux.
Il est également plus facile de se cacher dans une grande ville que dans un petit village ou un
nouveau visage ne passe pas inaperçu.
La seconde plus forte concentration de helpers se situe, ensuite, dans les Hauts de France et le
Pas de Calais (Lille : 326 helpers, Roubaix :115, Tourcoing : 113).
Cette forte densité de helpers est directement en corrélation avec le nombre d’avions abattus dans
cette région. C’est en effet le point de passage obligé, à l’aller et au retour, des bombardiers en
mission sur l’Allemagne et la France occupée, mais aussi sur la Belgique et la Hollande.
Le ciel de la région a connu dès 1940, la Bataille d’Angleterre, et son territoire a été constamment
bombardé durant toute la guerre, pour ses ports, ses industries, ses fortifications du mur de
l’atlantique, puis à partir de 1944, pour ses installations et ses sites de lancement de V1.
Par ailleurs, le Nord Pas de Calais dispose déjà de réseaux d’exfiltration très organisés, ayant
servi dès 1940, à sortir de France près de 2500 soldats britanniques, abandonnés après la
capitulation de la poche de Dunkerque.
La troisième plus forte concentration de helpers se trouve ensuite en Bretagne et sur les côtes
normandes.
Il était en effet plus facile d’embarquer pour l’Angleterre de ces côtes, que de celles du Nord
beaucoup plus surveillées.
Les départements en bordure des Pyrénées ont également accueilli beaucoup de helpers qui
faisaient passer la montagne aux aviateurs abattus.
Enfin, on note un nombre important de helpers dans l’est, principalement dans les départements
du Bas Rhin, des Vosges, et de Meurthe et Moselle.

La barrière naturelle des Vosges et ses conditions météorologiques ont été la cause de beaucoup
de crashs d’avions, en partance ou au retour d’Allemagne.
Un point notable : Marseille avec 102 helpers, qui s’explique par la présence d’un réseau animé
par un pasteur écossais (le rev Casskie) qui exfiltrait les aviateurs abattus, via des cargos
portugais, pays neutre à cette époque.

Les helpers en Seine Saint Denis

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Existence à Livry Gargan du réseau M4 de Camille NICOLAS, créé à partir de 1941, qui regroupe :

– 5 groupes francs

– 7 groupes FFI, dont celui de Livry qui est spécialisé dans la récupération des aviateurs alliés
abattus
Ce groupe FFI M4 de Livry sera actif jusqu’au 17 décembre 1943, date à laquelle la gestapo arrête
11 aviateurs alliés et 2 responsables du groupe.

Les helpers noiséens
8 helpers sont officiellement reconnus à Noisy le Sec par le Awards bureau de Paris
Il s’agit de :
ABRAHAM André
BECKER Joseph et Madame
COHAT Jules
COURTIER Léon
DERLON André et Pauline
JAILLON Robert et Amelise
LORIC Paul
VERNET Lucien

Abraham André
ADRESSE : 41 bd de la République
NIVEAU DE CLASSEMENT PROPOSE : nil
NUMERO DE CERTIFICAT : /
COMPENSATION FINANCIERE : /
NUMERO DE DEPOT DU DOSSIER : P 6823
OBSERVATIONS : pas de confirmations

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

BECKER Joseph et Madame
ADRESSE : 46 bd de la République
NIVEAU DE CLASSEMENT PROPOSE : 5
NUMERO DE CERTIFICAT : 1543
COMPENSATION FINANCIERE : 5 000 F pour dépenses
NUMERO DE DEPOT DU DOSSIER : P7688
OBSERVATIONS : /

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

COHAT Jules
ADRESSE : 33 r de la Fontaine
NIVEAU DE CLASSEMENT PROPOSE : Nil
NUMERO DE CERTIFICAT : /
COMPENSATION FINANCIERE : /
NUMERO DE DEPOT DU DOSSIER : P11389
OBSERVATIONS : pas de confirmations

 

 

 

COURTIER Léon
ADRESSE : 91 r saint Denis
NIVEAU DE CLASSEMENT PROPOSE : 5
NUMERO DE CERTIFICAT : 35657
COMPENSATION FINANCIERE : /
NUMERO DE DEPOT DU DOSSIER : /
OBSERVATIONS : /

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

DERLON André et Pauline
ADRESSE : 7 chemin des Groux
NIVEAU DE CLASSEMENT PROPOSE : 5
NUMERO DE CERTIFICAT : 34542
COMPENSATION FINANCIERE : /
NUMERO DE DEPOT DU DOSSIER : /
OBSERVATIONS : /

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

André DERLON était chauffeur livreur pour les établissements MARTIN LUNEL, 37 rue de Bobigny
à Noisy.
Militant socialiste, il fut membre du Comité Local de Libération début août 1944 (Mouvement :
Ceux de la Libération).
Il fut capturé par des SS au cours des combats, le 25 aout 1944.
Il est mort en déportation le 15 février 1945 à Sachsenhausen à 48 ans.
Il est décoré de la médaille militaire, de la médaille de la libération et de la médaille du mérite
anglais.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

JAILLON Robert et Amelise
ADRESSE : 20 r du Jura
NIVEAU DE CLASSEMENT PROPOSE : 5
NUMERO DE CERTIFICAT : 34587
COMPENSATION FINANCIERE : /
NUMERO DE DEPOT DU DOSSIER : P9037
OBSERVATIONS : /

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

LORIC Paul
ADRESSE : Av Victor Hugo
NIVEAU DE CLASSEMENT PROPOSE : 5
NUMERO DE CERTIFICAT : 17646
COMPENSATION FINANCIERE : /
NUMERO DE DEPOT DU DOSSIER : P10166
OBSERVATIONS : /
ADRESSE : Av Victor Hugo
NIVEAU DE CLASSEMENT PROPOSE : 5
NUMERO DE CERTIFICAT : 17646
COMPENSATION FINANCIERE : /

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

VERNET Lucien
ADRESSE : 22 r Tripier
NIVEAU DE CLASSEMENT PROPOSE : 5
NUMERO DE CERTIFICAT : 32078
COMPENSATION FINANCIERE : 5000 F pour dépenses
NUMERO DE DEPOT DU DOSSIER : P10860
OBSERVATIONS : /

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Coïncidences ?
Certains helpers noiséens ont des adresses très proches :
ABRAHAM André : 41 bd de la République
BECKER Joseph et Madame : 46 bd de la République
JAILLON André et Amelise : 20 r du Jura
VERNET LUCIEN : 22 r Tripier
COURTIER Leon : 91 r Saint Denis
DERLON André et Pauline : 7 chemin des Groux

CONCLUSION

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Réflexions

LE TRAVAIL DES HELPERS : UN AGREABLE MOMENT AVEC DES AMIS ANGLAIS ?
15 % des helpers ont été déportés, soit 4600 personnes
33 % ne sont pas revenus : 1518 personnes
30 % de helpers sont des femmes (12% pour la résistance nationale)

EFFECTIFS RESISTANTS OFFICIELS :
Personnes déclarées Combattants Volontaires de la Résistance (CVR): 261 000
Forces Françaises Libres (parties de métropole avant le 31 juillet 1943 : 32 000
Helpers (non CVR) : 28 000 (10,3 % des résistants officiels)
Justes : 4 000

TOTAL : 325 000
Pop française en 1936 : 41 856 000
Pop française en 1946 : 40 592 000
Taux de résistants dans la population : 0,8 %

Pourquoi a-t-on oublié les helpers ?
Phénomène exclusivement français. Il existe encore en Angleterre et aux Etats Unis, des
organismes actifs, qui perpétuent la mémoire des helpers européens.
Volonté politique d’après guerre, de créer le mythe rassembleur d’une France qui s’est libérée elle
même, par sa résistance nationale, organisée en réseaux structurés communistes et gaullistes.
Les helpers, résistants spontanés et autonomes, souvent improvisés, ont été sacrifiés sur l’autel
de la reconstruction nationale.
Ne les oublions pas !

Christophe Nicolas

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Ernest Hallot, un citoyen ordinaire

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Il est né le 19 septembre 1884 au domicile de ses parents, Boulevard de la Villette Paris 10ème.

Son père est employé de commerce, sa mère piqueuse de bottines.

Il est l’ainé de trois enfants, Julien né en 1888 et Henri Jules né en 1892.

Il obtient son certificat d’étude à 13 ans.

Le certificat d’études primaires a été institué le 28 mars 1882 et aboli en 1989. Les enfants à partir de l’âge de 11 ans pouvaient s’y présenter. Ceux qui l’obtenaient étaient dispensés du temps de scolarité obligatoire qui leur restait à passer. Il est resté dans les mémoires comme le « certif ». Toute note à zéro est éliminatoire.

En 1882 il y a 20 % de reçus.

En 1914, 30 % ensuite 50 %.

 

Agé de 19 ans au décès de son père, le 22 janvier 1903, il devance l’appel et s’engage dans l’armée pour trois ans.

 

Sa fiche matricule nous apprend qu’il mesure 1m68, est sellier et qu’il habite à Noisy- Le-Sec, (je n’ai retrouvé aucune trace de lui à NLS à cette époque) ainsi que son niveau d’instruction qui est : 3.

Sur les fiches matricules le niveau d’instruction est déterminé comme suit :

0 : ne sait ni lire ni écrire

1 : sait lire

2 : sait lire et écrire

3 : instruction primaire

4 : brevet d’instruction primaire qui correspond au brevet actuel

5 : bachelier et licencié

X : dont on n’a pu vérifier l’instruction

Il obtient le « certificat de bonne conduite ». Ce certificat prouve qu’il est libéré de ses obligations militaires.

 

 

Revenu à la vie civile, il revient à Noisy Le Sec au 5 rue de l’église.

Le 18 juillet 1907, il épouse Georgette Viannet et s’installe après plusieurs déménagements au 107 Blvd de la Villette Paris 10ème.

Une fille Georgette Hortense nait de cette union le 15 mars 1908.

Cette union prendra fin le 29 décembre 1912 par le décès de Madame Hallot Georgette née Viannet.

Resté seul avec sa fille, il se remarie le 18 juin 1914 avec mademoiselle Louise Marthe Eugénie Quatremaire, la sœur de Henri Quatremaire. Il a trente ans.

 

Dix jours plus tard, la mort d’un archiduc à 1 348 de kilomètre de Paris, va déclencher par effet papillon un cataclysme mondial qui bouleversera sa vie.

Il est rappelé à l’activité le 12 aout 1914 par décret du 1er août pour répondre à l’ordre de mobilisation générale.

 

Un état de son service témoigne de ses différentes affectations pendant cette période :

14/08 : Départ pour Soissons

22/08 : Transfert à Chartres

12/09 : Départ au front à Longueville, Vaux devant Damloup, Verdun

17/09 : Blessé évacué à Issancourt

17/09 au 28/01/2015 : Hôpital à Bar le Duc puis évacué à Albi

29/01 au 04/02 : Permission

12/02 au 18/10 : Chartres SHR IFO

06/11 : Départ au front

16/11 au 08/12 : Tranchées de Champagne Tahure

08/12 au 26/12 : Elève Caporal à Chalon

29/01 1916 au 24/02 : Permission

24/02 au 27/02 : Tranchées à Mesnil les Hurlus

29/02 au 06/04 : Epense, Pritz, Outrecourt, Jubécourt, Bois Bouchés, Verdun

24/03 : Nommé Caporal

06/04 au 12/04 : Repos à Jubecourt

14/04 au 22/04 : Tranchées à Mort-Homme

22/04 : Blessé par éclat d’obus à la tête

22/04 au 20/03/1917 : Opéré puis divers hôpitaux

23/03/1917 : Libéré

 

Sa blessure à la tête par éclat d’obus au Mort-Homme dans la Meuse décrite comme suit lui donne droit à une invalidité de 10 % ainsi que le droit de porter comme décoration le ruban avec étoile émaillée rouge.

 

« Perte de substance osseuse frontale médiane, cicatrice à fond solide admettant la pulpe de l’index. Céphalées, vertiges, frigidité, dysmnésie c’est-à-dire une perte de mémoire, pas de crises nerveuses »

Cette invalidité lui donne droit à une pension annuelle de 243,00 francs en 1919, soit 362,00 euros actuels

Après différentes réclamations son taux d’invalidité est réévalué à 25 % ce qui lui accorde une pension de 908,00 francs en 1926 soit 677,00 euros et la possibilité de postuler à un emploi protégé.

 

Explications du montant de la pension d’invalidité :

Avant la guerre de 14, un ouvrier gagnait environ six francs par jour, soit sur 300 jours de travail 1 800 francs par an.

Pendant la guerre l’allocation militaire pour la femme du mobilisé était de 1 franc 25 par jour plus 50 centimes par enfant à charge.

C’est sur le salaire d’avant 1914 qu’a été calculée la pension veuve de guerre et les pensions d’invalidité. Elle est fixée à 1 000 francs par an.

En 1930, le salaire de l’ouvrier était de 26 francs par jour, soit 7 800 francs par an.

Les pensions n’ayant que très peu été réévaluées, la base est de 1 300 francs ces années-là.

Par exemple Ernest HALLOT en 1928 gagne 11 553 francs au Crédit Municipal de Paris où il occupe un emploi protégé en tant que commis aux magasins 4ème classe.

Pendant cette période deux autres filles sont nées Lucienne Alix le 15 mai 1915 et Andrée Louise le 10 aout 1917 qui sont reconnues pupilles de la nation le 2 avril 1930 par rapport à la blessure de guerre de leur père. Ce jugement sera transcrit sur leurs actes de naissance :«adoptée par la nation ».

Revenons à sa vie civile :

Le 1er janvier 1920 la famille s’installe 21 rue du Château d’Eau à Paris 10ème. Il signe un bail et reçoit des quittances de loyer.

En 1920 il souscrit une assurance retraite privée garantie par l’état qui mentionne une rente à partir de 60 ans.

Il est titulaire d’un compte en banque ouvert auprès du Crédit Lyonnais et d’un compte d’actions.

En 1920 il achète une maison au 17 allée Kléber à Noisy le Sec et s’y installe.

Il souscrit une assurance incendie à la compagnie La Confiance. Cette maison est assurée avec ses aménagements pour 25 000 francs, soit 38 000 euros actuels. Le contrat nous apprend aussi que sa femme continue son emploi de couturière à domicile. Les contrats d’assurance de cette époque prévoient automatiquement dans l’assurance du mobilier les effets personnels des domestiques.

 

 

Son compte action ouvert au Comptoir National d’Escompte est transféré à l’agence de Noisy le sec.

Il s’inscrit sur les listes électorales.

Le 21 décembre 1922 nait un quatrième enfant Jean-Louis Robert.

Le 3 octobre 1925 il fait installer un compteur électrique d’une puissance de 550 watts. Cette puissance peut être comparée à la puissance des lampes à incandescence de 30 à 90 watts.

En 1928 sa fille Andrée Louise passe le concours de bourse à la fin de son CM2, elle échoue, le repasse l’année suivante où elle l’obtient. Il est à noter que le premier versement des bourses est versé en février de l’année suivante. Sur le recensement de 1936, elle est sténo dactylo.

 

 

Le concours des bourses a été instauré en 1887 pour permettre aux enfants pauvres d’accéder aux lycées et aux écoles techniques. Ce concours est modifié par la loi du 10 janvier 1925.

Cette loi fusionne le concours de l’enseignement technique avec celui de l’enseignement général. A l’inscription les élèves précisent leurs voeux.

Selon la situation financière de la famille, la bourse donne droit à la gratuité des frais d’inscription au lycée, la cantine et l’internat ainsi que le prêt des livres. Une allocation supplémentaire peut aussi être versée.

Une nouvelle loi est promulguée le 31 mai 1933 concernant la déclaration des postes de radio. Pour se mettre en conformité avec cette loi, Ernest Hallot fait cette déclaration le 26 juin de cette année.

Cette loi fait suite à celle de 1923 suite à la création de la radio des PTT, Postes, Télégraphes et Téléphones, puis de Radio Paris. Cette station de radio développe un véritable journal parlé, multiplie les conférences et les « causeries » et retransmet en direct des soirées musicales depuis des grandes salles de spectacles parisiennes .
La radio, considérée comme particulièrement à même de marquer les esprits, d’influencer les comportements, est, dès ses débuts, placée sous contrôle. Le 30 juin 1923, cette loi établit le monopole de l’État français sur l’émission et la réception radiophonique. Les stations doivent désormais demander une autorisation de diffusion et la possession de postes par les Français est soumise à une déclaration officielle.
Cette loi de 1923 admet tout de même une certaine liberté, notamment en ce qui concerne la création de stations privées qui se multiplient à partir de 1924. En 1931, Radio Luxembourg maintenant RTL voit le jour et s’impose rapidement comme la principale radio privée.

Cette même année le docteur Bouffier, établi à Noisy le Sec, lui délivre un certificat de vaccination.

La maison, qui avait été épargnée par le bombardement du 18 avril 1944, sera endommagée par l’attaque des ponts le 25 aout 1944.

Tous les carreaux sont cassés, les fenêtres ainsi que les persiennes sont endommagées, les tuiles de la toiture sont cassées sur plusieurs mètres carrés, le mur d’enceinte est à refaire.

Dès le 11 septembre, Ernest Hallot fait une demande de matériaux de première urgence auprès du commissariat à la reconstruction pour des carreaux de fenêtres qu’il obtient auprès du négociant Boulet à Bondy.

Il va bénéficier de la loi sur les dommages de guerre :

Pendant longtemps, l’État avait été tenu irresponsable des faits de guerre. On estimait que ceux-ci résultaient d’un état de nécessité ou correspondaient à des cas de force majeure exonérant de toute responsabilité.

Deux lois, celles du 31 mars 1919 et du 17 avril 1919, indemnisent respectivement les dommages matériels et les dommages physiques subis par les Français, civils ou militaires.

C’est seulement en 1953, qu’il obtient du département de la Seine représenté par la ville de Noisy Le Sec un devis estimatif des travaux de toutes natures nécessaires à la reconstruction en identique. Ce devis se chiffre à 192 500 francs. Le 11 décembre 1953 il reçoit un procès- verbal d’acceptation. Celui-ci stipule que dès son financement le bénéficiaire s’engage à commencer les travaux immédiatement et à les terminer dans un délai de trois mois.

Cette somme sera versée par titres nominatifs payables par tiers, à 3 ans, 6 ans et 10 ans.

Un brouillon de lettre de réclamation écrite par Madame Marthe Hallot nous apprend qu’ils sont dans une situation financière précaire, que les travaux sont urgents et nécessaires et que vu leur âge, 65 et 70 ans, la mise en jouissance de la somme n’est pas possible.

Cette requête est acceptée, le 19 septembre 1954 ils reçoivent la décision d’engagement ne mentionnant pas de fraction d’indemnité différée selon la loi du 28 octobre 1946.

Ernest Hallot décède à Bellême dans l’Orne le 8 février 1975 à l’âge de 91 ans.

Marthe Hallot décède à Noisy Le Sec le 13 mars 1985 à l’âge de 97 ans.

Georgette Alice née de sa première union le 15 mars 1908. Elle vivra à Igé dans l’Orne chez son oncle Henri Quatremaire. Elle se mariera en 1927 à Igé, et décèdera le 25 janvier 1930 à Igé.

Lucienne Alix née le 15 mai 1915 se mariera à Noisy le Sec le 18 septembre 1935.

Andrée Louise né le 10 aout 1917 ne se mariera pas et décèdera à Saint Ouen le 28 juillet 2010.

Jean Louis Robert né le 21 décembre 1922 ne se mariera pas.

Annick  Lefebvre

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Eugène Mazeron, résistant noiséen

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Histoire imaginée autour de faits réels

Eugène Mazeron et deux de ses fils Gérard et Eugène

Assises autour de leur grand-père Eugène Mazeron, quelques unes de ses petites filles : Sylviane, Annie, Dominique, Odile, Claudine, Annick, Ghislaine, Sophie……….entourées de leurs parents Denise, Jeannette, Lucien, Georgette …

Dis grand père t’as fait quoi pendant la guerre ?

De sa voie douce et calme, il commença par répondre :

  • « Mes petites filles, la guerre ça ne se raconte pas ! Je ne vous souhaite qu’une chose, c’est de ne jamais la connaître. »

Et oui, le grand-père parla très peu de la guerre, de ce qu’il avait vécu et ce qu’il avait fait dans la Résistance. Et la guerre, il connaissait…Né en août 1904, il avait dix ans quand la Première Guerre mondiale éclata (1914/1918). Son père Eugène Jules, mobilisé dès mars 1915 au 1er régiment de Zouaves, combattu les allemands pendant un an dans l’est de la France, avant d’être détaché du corps pour myopie sévère et affecté à la poudrerie militaire de Bouchet en Seine-et-Oise. Il ne rentra chez lui, à Saint-Ouen (Seine), qu’en février 1919, lorsqu’il fut démobilisé.

Notre grand-père Eugène était ouvrier, étalagiste-vitrier. Dans l’effervescence du monde ouvrier des années 1920, il s’engagea très jeune au Parti Communiste Français, « tendance » anarcho-syndicaliste, très anticlérical. Il sera militant et engagé toute sa vie jusqu’à sa mort en juillet 1973.

Quand survint la Seconde Guerre mondiale (1939/1945), il était marié et père de sept enfants (Jeannette, Denise, Lucien, Eugène, Gérard, Georgette, Émile). Son huitième enfant, Jean, naîtra à la fin de la guerre et deviendra très tôt orphelin de mère. En effet, Henriette Cottin son épouse mourut en décembre 1945. « Si les antibiotiques et la pénicilline avaient été démocratisés et si nous avions eu les moyens, Maman ne serait pas morte fin décembre 1945 » disait Lucien.

Henriette Cottin

  • « Oh vous savez, j’ai participé très modestement à quelques actions de la Résistance. C’était bien normal…… »

Denise, Jeannette et Lucien (ses ainées) interviennent !

« Papa tu exagères !! Tu nous faisais porter des documents, des tracts. On se souvient être partis à l’école avec des tracts cachés dans nos galoches et dans nos cartables. Bon, on ne savait pas très bien pourquoi mais ça nous tenait chaud aux pieds. Et nous respections tes consignes. Motus et bouche cousue. ». Et Jeannette de se souvenir qu’elle avait glissé quelques tracts dans les pupitres des écoliers. Quand la directrice de l’école s’en est aperçue, elle a réuni les élèves pour que le coupable se dénonce. Elle ne le sut jamais.

Et Lucien d’ajouter : « tu partais des nuits entières, nous laissant seuls avec Maman dans notre petite maison. Il faisait très froid la nuit. Le matin au réveil, il y avait du givre aux fenêtres, côté intérieur. On se serrait très fort, tous dans le même lit. On avait faim. »  Il faut dire que très souvent le poêle à bois servait de cachette pour la propagande de la Résistance……

Et Denise de se souvenir : « Quand tu partais distribuer les tracts de propagande anti allemands et les journaux l’Humanité, on te voyait les cacher dans la doublure de ton manteau. Et si tu te sentais surveiller ou filer par les allemands ou les policiers français, tu sautais de bus en bus pour les semer. »

Cette petite maison en bois, 15, sente de la Place Saint Martin dans le quartier de la Boissière à Noisy-le-Sec (Seine) subira les effets du bombardement d’août 1944 à Noisy-le-Sec (Seine). Elle n’avait pratiquement plus de toit ! Les Alliés avaient pour mission de viser la gare de Noisy-le-Sec mais ils ont commencé à larguer des bombes dès la place Carnot à Romainville et ont arrosé largement le centre de Noisy et ses quartiers périphériques……

(Photo familiale : la petite maison à la Boissière, Eugène Mazeron et ses enfants)

La lutte contre le fascisme, les idéaux internationalistes et humanistes ont été les combats permanents du grand-père Eugène. Dès 1936 il s’engagea dans les Brigades Internationales pour combattre aux côtés des Républicains espagnoles pendant la guerre civile en Espagne.

Pendant la Seconde Guerre mondiale, Eugène Mazeron était agent de liaison, chef du 6ème groupe FTPF de Noisy-le-Sec (Seine), secteur Est. Il a servi sous les ordres du Lieutenant Lucien Gomot, en qualité de sergent, agent de liaison dans les FFI et participa à des combats place de la mairie à Noisy-le-Sec (Seine) pendant l’été 1944 et aux sabotages de voies ferrées.

  • « Oh vous savez j’ai toujours milité pour la paix et le respect des valeurs humanistes. C’était bien normal de combattre les boches par des actions intérieures. Et puis de nature discret et modeste, être agent de liaison me convenait. »

Ses ainés : « tu sais Papa, on a souvent eu peur ! Mais ça nous a fait grandir très vite et peut-être forger notre caractère combatif ».

Et Jeannette et Denise de rire soudainement pour évoquer une lessive bien particulière. « Tu te souviens ! Suite à de rumeurs de dénonciation qui faisaient trembler Maman, il a fallu cacher tous les documents compromettants se trouvant dans la maison ! On a tout rassemblé et tout placé dans une grande bassine remplie d’eau avec du linge. Cela ressemblait à la préparation d’une lessive. Hop ! ni vu ni connu. Si on les avait brûlés cela aurait trop attirer l’attention des voisins. »

Et Lucien d’ajouter : « Et quand les allemands sont passés devant la maison. On jouait dans la cour, avec les frangins. Deux jeunes Schleus se sont arrêtés pour nous regarder. On a eu très peur. Maman était dans la cuisine, totalement figée. Elle craignait qu’ils rentrent dans la maison et découvre les tracts du Père. !!! »

(Photo familiale : deux petits Mazeron jouant dans la cour)

Le grand-père Eugène a toujours essayé de protéger sa famille. A la fin de la guerre, les allemands avaient installé des canons au pied de la colline, très proche de la maison. Craignant de se faire prendre, le grand-père s’est caché et n’est pas rentré chez lui pendant plusieurs semaines.

Et t’as aussi participé aux Brigades Internationales en Espagne ?

La guerre civile en Espagne (1936/1938) opposa les républicains (gauche et extrême gauche) qui soutenaient le « Frente popular » légalement établi et les putschistes nationalistes (droite et extrême droite) menés par le général Franco. Un élan international de soutien aux républicains espagnols s’organisa et des milliers d’ouvriers du monde entier s’engagèrent dans des Brigades Internationales pour combattre en Espagne. Tous volontaires antifascistes.

« Un soir du dernier trimestre 1936, j’ai participé à un meeting du Parti (PCF) à Paris. Nous étions plusieurs milliers à écouter nos dirigeants nous exhorter à s’engager auprès de nos camarades espagnols. Quel enthousiasme, quelle ferveur et quelle envie d’agir. Je suis rentré à la maison, rue Sente saint Martin à Noisy et j’ai dis à Henriette : « Je pars en Espagne ».

« Nous voulions agir vite, le fascisme s’installait aux portes de l’Europe.
Nous fûmes plusieurs milliers d’ouvriers dont 9000 français à partir en Espagne…

Comme j’étais déjà père de 6 enfants, le Parti a décidé de me mettre aux effectifs arrière. Je n’ai pas participé aux combats à Barcelone mais je faisais office d’ambulancier. Je transportais mes camarades blessés vers les hôpitaux de la ville. »

Manifestation quartier de la Boissière – année ?

Et Lucien de conclure avec beaucoup d’émotion. « Tu nous a laissés seuls avec Maman. Et c’est pour cela que sur son lit de mort, j’avais 15 ans, Maman m’a fait promettre de ne jamais laisser ma petite famille pour la grande ». Ses filles d’ajouter en cœur : « Papa combien de fois tu nous as dit, on n’a qu’une mère et on la respecte ! ».

Après la guerre, la vie reprit. Il fallait reconstruire le pays et les héros ordinaires comme notre grand-père Eugène « oublièrent » ou ne voulurent pas raconter ce qu’ils avaient fait ou vécu.
Nous aurions tant envie aujourd’hui de l’écouter…

Dans son dossier de Résistant au Ministère des armées et des anciens combattants, il est écrit qu’il ne constitua pas de dossier pour solliciter aide ou décoration….

Aussi ce petit texte, en sa mémoire, écrit avec les souvenirs racontés dans la famille, veut lui rendre un hommage sincère et émouvant, même si sa modestie dût en souffrir.

 

Écrit par Odile Mazeron
12 février 2025.

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